La solution
Les filets anti-insectes se présentent généralement sous la forme de voiles textiles, dont le grammage (17 à 170 g/m²), l’ouverture de la maille (100×100 µm à 2700×7000 µm) et la largeur (100 à 1 600 cm) varient en fonction de la culture à protéger et du ravageur ciblé. Les filets anti-insectes peuvent être en polyéthylène (PE), en polyamide (PA), en polypropylène (PP) ou en polyester (PES).
Les filets en polyéthylène sont résistants aux UV et à l’abrasion, ceux en polyamide sont très résistants à l’abrasion mais peu résistants aux UV et leurs mailles peuvent se rétracter avec le temps, ceux en polyester sont très résistants aux UV, tandis que ceux en polypropylène ont une bonne résistance mécanique et peuvent être utilisés plusieurs années. Ils peuvent être posés à plat sur la culture (protection des cultures de poireau contre les mouches mineuses par exemple, sur navet ou sur radis), posés sur arceaux (protection des cultures de radis contre la mouche des semis par exemple) ou bien disposés verticalement sur le pourtour des cultures (protection des cultures de carotte contre la mouche Psila rosae par exemple). Les filets utilisés pour créer des abris climatiques (filets posés sur des poteaux de façon à isoler la culture de l’environnement extérieur) peuvent également jouer un rôle de protection contre les insectes. Des voiles non tissés, permettent également des techniques de protection physique efficaces contre les insectes ravageurs. Ces voiles sont généralement en polypropylène, légers et se posent directement sur la culture à protéger (protection du radis contre l’altise, mouche et piéride sur chou par exemple). La pose des filets sur la culture est effectuée en général au moment du semis ou de la plantation, ou bien juste avant une période à risque clairement identifiée.
Sur navet, s’ils bloquent les mouches, les filets les moins chers (800 à 1000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans) n’ont qu’un effet partiel répulsif contre les altises. Leur utilisation va donc impliquer de surveiller les vols d’altises :
- au début du cycle de tous les semis ;
- lors du dernier vol d’automne au cours duquel les pontes peuvent causer d’importants dégâts sur les récoltes de février / mars. Suivant la situation, il pourra être nécessaire d’intervenir à l’aide d’un voire deux insecticides (appliqués par-dessus les filets). Ces derniers seront aussi nécessaires en cas d’attaque de pucerons (à surveiller également).
Il existe aussi aujourd’hui des filets légers, résistants et dont la maille bloque le passage des altises (2000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans) ; ce sont les plus coûteux. Hors problème de taupin, ces filets pourraient permettre de gérer les cultures sans insecticide (les pucerons étant eux aussi, normalement, bloqués).
Toute perte d’étanchéité diminue, voire annule l’efficacité d’un filet : trous, déchirures (gibier), soulèvement par le vent ou par la culture sont à proscrire.
La stratégie choisie va directement impacter l’IFT insecticide (résultats réseau DEPHY FERME légumes Haute Garonne – campagne 2018 sur navet) :
En matière d’impact sur le coût de production : le groupe DEPHY a estimé l’impact économique de ce changement de pratiques : sous filet : – la fertilisation en cours de culture se fait en fertirrigation (en aspersion sur le filet) ; – on estime perdre 20% de la surface – non semée – (longueur insuffisante des filets, intervalles entre filets, etc.) ; – on désherbe les bordures pour alléger la tâche du retrait qui reste toujours la plus pénible.
Avec une estimation de pertes de 40% de rendement en moyenne sans filet, les résultats du groupe montrent une marge brute positive en utilisant le filet anti-insectes. Ce chiffre ne s’applique pas toutefois aux productions estivales pour la transformation industrielle qui supportent des attaques faibles et/ou superficielles (pelage).
Le recours au « filet altises » dégrade davantage la marge. Actuellement, le circuit de gros, sur lequel la concurrence européenne est très présente, ne valorise pas la baisse des insecticides. Économiquement, ce filet présente un intérêt dans le cadre de la vente directe qui permet : – une meilleure valorisation du produit (> 1,50 €/kg de navet au lieu de 0,9€/kg) ; – une prise de risque plus élevée (petite surface) permettant de rechercher un IFT chimique égal à 0 ; – l’acceptation d’un niveau qualitatif moindre (lié à l’IFT = 0).