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Cultures légumières
Ravageurs
Fiche
59

Utiliser des filets anti-insectes sur cultures légumières

Pratiques agronomiques
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La solution

Fonctionnement 

Les filets anti-insectes se présentent généralement sous la forme de voiles textiles, dont le grammage (17 à 170 g/m²), l’ouverture de la maille (100×100 µm à 2700×7000 µm) et la largeur (100 à 1 600 cm) varient en fonction de la culture à protéger et du ravageur ciblé.

Mise en place et efficacité 

Les filets anti-insectes peuvent être posés à plat sur la culture (protection des cultures de poireau contre les mouches mineuses par exemple, sur navet ou sur radis), posés sur arceaux (protection des cultures de radis contre la mouche des semis par exemple) ou bien disposés verticalement sur le pourtour des cultures (protection des cultures de carotte contre la mouche Psila rosae par exemple).

Les filets utilisés pour créer des abris climatiques (filets posés sur des poteaux de façon à isoler la culture de l’environnement extérieur) peuvent aussi jouer un rôle de protection contre les insectes.

Des voiles non tissés permettent également des techniques de protection physique efficaces contre les insectes ravageurs. Ces voiles sont généralement en polypropylène, légers et se posent directement sur la culture à protéger (protection du radis contre l’altise, mouche et piéride sur chou par exemple). La pose des filets sur la culture est effectuée en général au moment du semis ou de la plantation, ou bien juste avant une période à risque clairement identifiée.

Toute perte d’étanchéité diminue voire annule l’efficacité d’un filet: trous, déchirures (gibier), soulèvement par le vent ou par la culture.

 

Exemple concret : Utilisation de filets contre les mouches et les altises sur navet 1 2 

Si les filets bloquent les mouches, les moins chers (800 à 1000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans) n’ont qu’un effet partiel répulsif contre les altises. Leur utilisation va donc impliquer de surveiller les vols d’altises :

  • Au début du cycle de tous les semis ;
  • Lors du dernier vol d’automne au cours duquel les pontes peuvent causer d’importants dégâts sur les récoltes de février / mars. Suivant la situation, il pourra être nécessaire d’intervenir à l’aide d’un voire deux insecticides (appliqués par-dessus les filets). Ces derniers seront aussi nécessaires en cas d’attaque de pucerons (à surveiller également).

Il existe aujourd’hui des filets plus coûteux, légers et résistants, et dont la maille bloque le passage des altises (2000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans). Hormis le problème des taupins, ces filets pourraient permettre de gérer les cultures sans insecticide car les pucerons sont eux aussi, normalement, bloqués.

La stratégie choisie va directement impacter l’Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT) insecticide :

En matière d’impact sur le coût de production, le groupe DEPHY « Fermes des maraîchers toulousains » a estimé l’impact économique et technique de ce changement de pratiques.

Sous filet, la fertilisation en cours de culture se fait en fertirrigation, en aspersion sur le filet. On estime perdre 20% de la surface totale de la parcelle, car elle n’est pas semée en raison de la longueur insuffisante des filets, des intervalles entre filets. On désherbe les bordures pour alléger la tâche du retrait qui reste toujours la plus pénible.

Avec une estimation de pertes de 40% de rendement en moyenne sans filet, les résultats du groupe montrent une marge brute positive en utilisant des filets anti-insectes. Ce chiffre ne s’applique toutefois pas aux productions estivales pour la transformation industrielle qui supportent des attaques faibles et/ou superficielles (pelage).

Le recours au « filet altises » dégrade davantage la marge. Actuellement, le circuit de gros, sur lequel la concurrence européenne est très présente, ne valorise pas la baisse des insecticides. Économiquement, ce filet présente un intérêt dans le cadre de la vente directe qui permet :

  • Une meilleure valorisation du produit (> 1,50 €/kg de navet au lieu de 0,9€/kg)
  • Une prise de risque plus élevée (petite surface) permettant de rechercher un IFT chimique égal à 0

L’acceptation d’un niveau qualitatif moindre (lié à l’IFT = 0).

Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP) 

Cette solution est éligible aux CEPP (Fiche action n° 2020-083 « Protéger les productions spécialisées en pleine terre ou sous abris contre les bio-agresseurs au moyen de filets anti-insectes » 3).

Les mouches (diptères) Delia antiqua 4, Delia (Chortophila, Phorbia) floralis 5 et Chamaepsila rosae (=Psila) 6 sont des ravageurs de plus en plus problématiques respectivement sur oignon, navet et carotte car elles peuvent provoquer des pertes de rendement importantes (estimation de pertes de 30 à 100% suivant les années 1).

Sur oignon blanc de printemps, il n’existe actuellement pas de solution chimique pour lutter contre les mouches. Il en est de même sur la mouche du céleri sur céleri branche Euleia heraclei 7. Sur navet, seule une matière active (Cyantraniliprole) est encore autorisée en traitement aérien et donc les possibilités d’alternance sont inexistantes.

Par ailleurs, l’efficacité des traitements chimiques peut être limitée par la difficulté à cibler précisément la période de vol  et ce d’autant que plusieurs vols sont possibles. Une seule matière active (cyperméthrine) est aussi disponible en traitement du sol mais la durée d’efficacité de ce traitement ne couvre pas l’intégralité du cycle de la culture.

Enfin, les identifications de ces ravageurs sur le terrain ne sont généralement pas accessibles au producteur et demandent une confirmation au laboratoire. Le positionnement de la lutte par insecticides est donc difficile et aléatoire.

L’objectif des filets anti-insectes est de protéger les cultures légumières contre les ravageurs se déplaçant par voie aérienne. Le filet anti-insectes reste le moyen alternatif le plus sûr de garantir le rendement et la qualité.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel 

Cette solution peut permettre de réduire de 50 à  100% l’IFT insecticide.

En revanche, l’impact sur les fongicides est non chiffrable de manière générale car il est très variable selon les conditions météorologiques de l’année et la sensibilité des espèces aux maladies.

Surcoût et/ou gain de la solution 

Le coût 1 des filets est de :

  • 1000 €/ha/an pour ceux anti-mouches.
  • 2000 €/ha/an pour ceux à mailles plus fines, anti-altises.

Il existe également un surcoût en temps de main d’œuvre sur l’irrigation et la manipulation du filet. Il est estimé à environ 1000€/ha en navet 1.

Du fait de l’espace au sol requis pour mettre en place ces filets, une moindre quantité de semences est nécessaire. En effet, certaines zones sont non semées ou non plantées.

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement 

Pour limiter la pénibilité liée à la manipulation des filets, il est conseillé de mécaniser au maximum :

  • Les filets peuvent être enroulés sur un enrouleur d’irrigation ou en boule dans un pallox
  • La largeur sera la plus grande possible pour limiter les bordures fixées au sol (elle sera limitée par la largeur des planches et de la rampe de traitement pour les interventions sur le filet)
  • Les filets peuvent être enterrés mécaniquement (à l’aide d’un buttoir) ou fixés à l’aide de sacs de lestage pour limiter l’enherbement des bords.

Freins à lever et conditions de réussite 

Conditions de réussite :

  • Adapter la fertilisation par aspersion et veiller à l’efficacité des traitements à travers les filets contre les autres bio-agresseurs (Risque de maladies comme la septoriose sur céleri ou l’alternariose sur carotte ou le mildiou sur oignon).
  • Prendre en compte le risque accru des maladies fongiques dû au microclimat plus chaud et surtout plus humide sous les filets, pouvant entrainer un IFT fongicide plus élevé (exemple : risque accru de septoriose sur céleri conduisant à une augmentation de l’IFT fongicide de 1 1),  et pouvant conduire à un développement plus rapide d’adventices.
  • Gérer les variations de précocité, de calibre (céleri branche de plus grosse taille), d’homogénéité et de coloration (sur les navets par exemple) 1.
  • Accepter un rendement moindre à l’hectare du fait des zones non semées ou non plantées.
  • Prévoir des dispositifs de protection contre le gibier.

Freins à lever :

  • Améliorer la facilité de pose et de dépose des filets en lien avec les fabricants et les agro-équipementiers, notamment pour permettre la mécanisation de ces poses et déposes des filets, leur conditionnement pour le stockage et la réutilisation. . Ce point est très important pour les opérations de désherbage notamment sur des cultures à cycle plus long comme la carotte (2 à 3 passages en post-levée) et qui sont cultivées sur des surfaces supérieures à 5ha.
  • Améliorer la robustesse des filets (notamment vis-à-vis des aléas climatiques mais aussi des rongeurs).
  • Améliorer et/ou prévoir des solutions de stockage et de conditionnement des filets pour faciliter leur manipulation hors saison.
  • Communiquer sur la valorisation de la démarche sans insecticides.

 

 

* 1 m² de filet vendu donne droit à 0,00008 CEPP.

 

Indicateurs de déploiement :

  • Pourcentage d’exploitations en maraichage utilisant des filets anti-insectes. Cet indicateur étant difficile à quantifier directement, il nécessite la mise en place de suivis réguliers auprès des producteurs et des acteurs de la filière, par exemple via des enquêtes annuelles sur les pratiques agricoles.
  • Le nombre de CEPP obtenus pour cette solution et le suivi des ventes de filets anti-insectes.

  • Oignon de printemps (sur petites surfaces sur arceaux uniquement, problème gestion mildiou sur de grandes surfaces).
  • Les filets peuvent protéger aussi du petit gibier voire de la grêle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. DEPHY Fermes des maraîchers toulousains. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/dephy/dephy-fermes-des-maraichers-toulousains.
  2. Focus sur : les filets anti-insectes en cultures légumières. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/dephy/focus-sur-les-filets-anti-insectes-en-cultures-legumieres#accordeon-41565.
  3. Protéger les productions spécialisées en pleine terre ou sous abris contre les bioagresseurs au moyen de filets anti-insectes. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/proteger-les-productions-specialisees-en-pleine-terre-ou-sous-abris-contre-les.
  4. Delia antiqua (Meigen 1826). Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/11659/Hypp-encyclopedie-en-protection-des-plantes-Delia-antiqua.
  5. Delia (Chortophila, Phorbia) floralis. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/18903/VigiJardin-Mouche-du-navet.
  6. Chamaepsila rosae (=Psila). Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/18895/VigiJardin-Mouche-de-la-carotte.
  7. Euleia heraclei (Linnaeus 1758). Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/11689/Hypp-encyclopedie-en-protection-des-plantes-Euleia-heraclei.