La solution
Fonctionnement
Les filets anti-insectes se présentent généralement sous la forme de voiles textiles, dont le grammage (17 à 170 g/m²), l’ouverture de la maille (100×100 µm à 2700×7000 µm) et la largeur (100 à 1 600 cm) varient en fonction de la culture à protéger et du ravageur ciblé.
Mise en place et efficacité
Les filets anti-insectes peuvent être posés à plat sur la culture (protection des cultures de poireau contre les mouches mineuses par exemple, sur navet ou sur radis), posés sur arceaux (protection des cultures de radis contre la mouche des semis par exemple) ou bien disposés verticalement sur le pourtour des cultures (protection des cultures de carotte contre la mouche Psila rosae par exemple).
Les filets utilisés pour créer des abris climatiques (filets posés sur des poteaux de façon à isoler la culture de l’environnement extérieur) peuvent aussi jouer un rôle de protection contre les insectes.
Des voiles non tissés permettent également des techniques de protection physique efficaces contre les insectes ravageurs. Ces voiles sont généralement en polypropylène, légers et se posent directement sur la culture à protéger (protection du radis contre l’altise, mouche et piéride sur chou par exemple). La pose des filets sur la culture est effectuée en général au moment du semis ou de la plantation, ou bien juste avant une période à risque clairement identifiée.
Toute perte d’étanchéité diminue voire annule l’efficacité d’un filet: trous, déchirures (gibier), soulèvement par le vent ou par la culture.
Exemple concret : Utilisation de filets contre les mouches et les altises sur navet 1 2
Si les filets bloquent les mouches, les moins chers (800 à 1000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans) n’ont qu’un effet partiel répulsif contre les altises. Leur utilisation va donc impliquer de surveiller les vols d’altises :
- Au début du cycle de tous les semis ;
- Lors du dernier vol d’automne au cours duquel les pontes peuvent causer d’importants dégâts sur les récoltes de février / mars. Suivant la situation, il pourra être nécessaire d’intervenir à l’aide d’un voire deux insecticides (appliqués par-dessus les filets). Ces derniers seront aussi nécessaires en cas d’attaque de pucerons (à surveiller également).
Il existe aujourd’hui des filets plus coûteux, légers et résistants, et dont la maille bloque le passage des altises (2000 euros/ha/an avec amortissement sur 3 ans). Hormis le problème des taupins, ces filets pourraient permettre de gérer les cultures sans insecticide car les pucerons sont eux aussi, normalement, bloqués.
La stratégie choisie va directement impacter l’Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT) insecticide :
En matière d’impact sur le coût de production, le groupe DEPHY « Fermes des maraîchers toulousains » a estimé l’impact économique et technique de ce changement de pratiques.
Sous filet, la fertilisation en cours de culture se fait en fertirrigation, en aspersion sur le filet. On estime perdre 20% de la surface totale de la parcelle, car elle n’est pas semée en raison de la longueur insuffisante des filets, des intervalles entre filets. On désherbe les bordures pour alléger la tâche du retrait qui reste toujours la plus pénible.
Avec une estimation de pertes de 40% de rendement en moyenne sans filet, les résultats du groupe montrent une marge brute positive en utilisant des filets anti-insectes. Ce chiffre ne s’applique toutefois pas aux productions estivales pour la transformation industrielle qui supportent des attaques faibles et/ou superficielles (pelage).
Le recours au « filet altises » dégrade davantage la marge. Actuellement, le circuit de gros, sur lequel la concurrence européenne est très présente, ne valorise pas la baisse des insecticides. Économiquement, ce filet présente un intérêt dans le cadre de la vente directe qui permet :
- Une meilleure valorisation du produit (> 1,50 €/kg de navet au lieu de 0,9€/kg)
- Une prise de risque plus élevée (petite surface) permettant de rechercher un IFT chimique égal à 0
L’acceptation d’un niveau qualitatif moindre (lié à l’IFT = 0).
Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP)
Cette solution est éligible aux CEPP (Fiche action n° 2020-083 « Protéger les productions spécialisées en pleine terre ou sous abris contre les bio-agresseurs au moyen de filets anti-insectes » 3).



