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Vigne, arboriculture, cultures légumières
Ravageurs
Fiche
94

Gestion des chenilles phytophages en cultures fruitières et maraîchères et en vigne par Bacillus thuringiensis

Réduction de l’IFT de 1 (quand on remplace le traitement conventionnel par une stratégie Bt).

La solution

Bacillus thuringiensis (Bt) est une bactérie entomopathogène pour plusieurs espèces d’insectes appartenant aux trois ordres suivants : lépidoptères (cible principale), diptères (larves de moustiques) et coléoptères (doryphores). Elle est présente dans le sol avec une répartition cosmopolite. Les variants aizawai et kurstaki sont spécifiques aux lépidoptères.

Mode d’action :

L’activité insecticide de B. thuringiensis est liée à la synthèse d’un cristal protéïque lors de la sporulation. Ce cristal contient différentes protéines toxiques appelées aussi protoxines. Lorsque l’insecte ingère le cristal protéique, les sucs digestifs vont solubiliser le cristal et permettre la libération des protéines. Les protéases digestives, sous l’action d’un pH basique, transforment les protoxines en toxines actives qui vont se fixer sur les cellules de l’épithélium intestinal et provoquer une perforation de la paroi intestinale et une paralysie du tube digestif. L’insecte cesse alors de s’alimenter. La mort intervient en général 24 à 48h après l’ingestion, accompagnée ou non d’une septicémie.

Du fait de sa large utilisation depuis plusieurs dizaines d’années, il existe un risque d’apparition de résistance. Plusieurs cas de résistances ont été recensés à l’étranger. Les protéines toxiques des différents sérotypes/souches ayant des sites d’actions spécifiques, il est possible de les utiliser en alternance pour limiter les risques d’apparition de résistance, c’est le cas pour B. thuringiensis kurstaki et B. thuringiensis aizawai.

Application :

Il s’agit d’un produit de contact qui doit être ingéré par le ravageur. Il est appliqué de façon foliaire.

Stockage :

S’agissant d’un microorganisme de biocontrôle, il est recommandé de se référer à la fiche produit du fabricant pour connaître les conditions de stockage.

Formulation, dose homologuée, nombre maximal d’applications, intervalle minimum entre applications, Délai de rentrée (DRE) et Délai Avant Récolte (DAR) 1 :

Utilisable en Agriculture Biologique (UAB) et Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP) :

D’un point de vue réglementaire, B. thuringiensis est inscrit sur la liste des produits de biocontrôle. Cette solution est Utilisable en Agriculture Biologique et est éligible aux CEPP (fiche action n° 2018-034 « Lutter contre les chenilles phytophages au moyen d’un produit de biocontrôle contenant du Bacillus thuringiensis ») 2.

Différentes familles de lépidoptères (noctuidae, tortricidae, gelechiidae) sont responsables de dégâts importants en cultures fruitières et légumières, ainsi qu’en vigne. Les larves s’attaquent aux organes aériens, en consommant les feuilles et les fruits. Bt constitue un outil de protection efficace pour la gestion de ces chenilles phytophages. C’est le premier insecticide biologique vendu en volume.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel

Il faut considérer que l’utilisation d’un Bt se substitue totalement à un passage en conventionnel. Cependant, dans les cas des ravageurs avec une période de vol longue, il faudra 2 passages de Bt pour remplacer un passage de conventionnel. Dans tous les cas, la réduction de l’IFT en conventionnel est de 1 quand on remplace celui-ci par une stratégie Bt.

Surcoût et/ou gain de la solution

L’application se fait de façon identique à celle d’un produit phytosanitaire classique.

Les éventuels surcoûts seraient liés au prix d’achat du produit et au besoin de répéter les applications pour une efficacité optimale. Par exemple, en vigne, le coût de Bt est de 27 à 35 €/ha/application. En comparaison, le coût à l’usage d’une solution conventionnelle est de 3 à 50 €/ha/ application 4.

Impact Santé/organisation du travail/pénibilité/ environnement

Santé: Grâce à son profil toxicologique favorable, Bt permet d’abaisser l’impact potentiel sur la santé des utilisateurs.

Organisation du travail / pénibilité : Le DRE faible (6 à 8h) facilite le confort d’utilisation pour les travailleurs. Le DAR court (1 à 3 jours) permet une souplesse d’intervention.

Environnement : De par leur spécificité de cible, ils ont peu d’impacts sur la faune auxiliaire et les pollinisateurs et s’intègrent d’autant mieux dans les stratégies de protection intégrée. Les produits peuvent également bénéficier de la mention abeille.

Freins à lever et conditions de réussite

Il faut veiller à la qualité de pulvérisation avec un volume de bouillie suffisamment élevé pour couvrir un maximum de végétation. Attention, Bt présente une sensibilité aux rayonnements UV et au lessivage au-delà de 20mm.

Bt n’est efficace que sur les jeunes stades larvaires. Il est donc essentiel de bien positionner les applications, au plus près des éclosions, pour maximiser l’efficacité de cette solution. Deux applications sont souvent nécessaires pour assurer une protection optimale et couvrir correctement la période à risque. Cette solution devrait être accompagnée d’autres leviers comme la confusion sexuelle lorsqu’elle est disponible ou d’autres actions ciblant les stades adultes et œufs.

Bien que cette solution soit utilisée depuis très longtemps, l’information au niveau des utilisateurs et des conseillers est primordiale pour assurer une utilisation optimale et garantir la satisfaction de l’opérateur.

Au niveau de l’industrie agroalimentaire, des tests sont réalisés en routine pour détecter la présence de bactéries pathogènes pour l’Homme, dont Bacillus cereus. Les méthodes de détection actuelles de Bacillus cereus ne sont pas des méthodes suffisamment sélectives, et ne permettent pas de distinguer Bacillus cereus sensu stricto de Bacillus thuringiensis. Ainsi la présence de Bt sur les cultures pourrait être confondue avec celle de B. cereus. Suite à des refus de commercialisation/d’utilisation de denrées alimentaires (salades pour la 4e gamme, légumes d’industrie) pour cause de présence de B. cereus, les cahiers des charges pour ces cultures ont été modifiés et excluent à présent l’utilisation des Bt. Les agriculteurs se voient ainsi retirés l’utilisation de ces solutions de biocontrôle alors que B. thuringiensis n’est pas pathogène pour l’homme. Pourtant, toutes les souches commerciales homologuées de Bt ont été testées de manière approfondie pour évaluer les effets sur la santé humaine, sans aucune indication d’effets nocifs. Les Bt sont utilisés depuis des décennies sans qu’un cas de toxicité humaine n’ait été rapporté. Afin de lever ce frein important à l’utilisation des Bt, une méthode de détection adaptée et sélective permettant de différencier les Bt de B. cereus, est en cours de mise au point. Elle pourra ensuite être disponible pour l’industrie agroalimentaire.

A noter qu’en vigne, le développement de la confusion sexuelle pourrait limiter le déploiement de Bt du fait de sa meilleure efficacité, sa durée d’action plus longue et sa facilité de mise en place.

 

Indicateurs de déploiement :

  • Ventes de Bacillus thuringiensis vendue, tous variants, toutes souches et toutes filières confondues (source BNV-D traçabilité 3).
  • Nombre de CEPP obtenus.
  • Surface de cultures fruitières et maraîchères et de vignes pulvérisés avec Bacillus thuringiensis. Cet indicateur étant difficile à quantifier directement, il nécessite la mise en place de suivis réguliers auprès des producteurs et des acteurs de la filière, par exemple via des enquêtes annuelles sur les pratiques agricoles ou des études panel.

Cultures principales : Arboriculture, maraichage et viticulture.

Cultures secondaires : Horticulture, Plantes à Parfums Aromatiques Médicinales et Condimentaires, riz, cultures tropicales, pomme de terre, crucifères oléagineuses et maïs.

Les produits commerciaux homologués contenant la solution sont disponibles sur le site Ephy de l’Anses : https://ephy.anses.fr/resultats_recherche/substance?search_api_aggregation_2=Bacillus%20thuringiensis&sort_by=search_api_aggregation_4&sort_order=ASC&f[0]=field_intrant%253Afield_etat_produit%3A10

 

Livret sur « Utilisation des produits de biocontrôle en Auvergne-Rhône-Alpes » de la Chambre d’Agriculture Auvergne-Rhône-Alpes (2020) - https://aura.chambres-agriculture.fr/sinformer/ressources-et-documentations/dossiers-thematiques/detail-des-dossiers-thematiques/zoom-sur-le-biocontrole

 

Article « Bacillus thuringiensis : un auxiliaire "high-tech" dans la lutte contre les chenilles » d’Unilet - https://ecophytopic.fr/pic/proteger/bacillus-thuringiensis-un-auxiliaire-high-tech-dans-la-lutte-contre-les-chenilles

 

Levier PIC « Utiliser des micro-organismes pour lutter contre les ravageurs » - https://ecophytopic.fr/leviers/proteger/utiliser-des-micro-organismes-pour-lutter-contre-les-ravageurs

 

 

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Bacillus thuringiensis. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/resultats_recherche/substance?search_api_aggregation_2=bacillus%20thuringiensis&sort_by=search_api_aggregation_4&sort_order=ASC&f[0]=field_intrant%253Afield_etat_produit%3A10.
  2. Lutter contre les chenilles phytophages au moyen d’un produit de biocontrôle contenant du Bacillus thuringiensis. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/lutter-contre-les-chenilles-phytophages-au-moyen-dun-produit-de-biocontrole-contenant.
  3. BNV-D Traçabilité. https://ventes-produits-phytopharmaceutiques.eaufrance.fr/.
  4. Coût des fournitures en viticulture | évolutions techniques et réglementaires. https://www.coutdesfournitures.fr/pourquoi-ce-guide.