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Fiche
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Buses à injection d’air, une solution pour réduire la dérive tout en maintenant l’efficacité des produits

Agroéquipement
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La solution

Cinq grands types de buses existent sur le marché : les buses à fente classique, les buses à fente classique basse pression, les buses à pastille de calibrage et les buses à injection d’air (Tableau 1). Ces différents modèles s’utilisent à des pressions différentes et génèrent des tailles de goutte différentes. Plus les gouttelettes sont fines, plus la répartition est homogène sur les plantes, mais plus le risque de dérive est élevé. Ainsi, les buses à fentes classique s’utilisent entre 2 et 3 bars car au-delà de 3 bars, le risque de dérive est important : les gouttelettes sont trop fines. Les buses à fente classique basse pression permettent un bon recouvrement dès 1,2 bar, en générant des gouttelettes plus grosses. Les buses à pastille de calibrage se distinguent par une pastille placée en amont de la buse, qui fait chuter la pression au sein du corps de la buse et créée de grosses gouttelettes. La buse à injection d’air repose, elle, sur « l’effet Venturi » : un trou ouvert sur le coté des buses aspirent de l’air lorsqu’elles fonctionnent, ce qui augmente le volume du liquide et le diamètre des gouttes. Les modèles actuels de buses à injection d’air s’utilisent entre 1,5 et 5 bars pour les « basse pression » et entre 3 et 6 bars pour les « classiques ». Elles présentent aujourd’hui trois niveaux de réduction de dérive dans la liste des matériels homologués : 66 %, 75 % et 90 %.


Tableau 1 : Cinq types de buses sont commercialisés. Les buses à injection d’air forment les plus grosses gouttes et sont réparties en deux catégories : les « classiques » et les « basses pression »

 

Application et efficacité

Les essais conduits par Arvalis pour évaluer l’efficacité de la dérive mettent en évidence une diminution croissante de la dérive moyenne à 5 mètres : dans un essai de 2021 avec un vent de 17 km/h, la buse à fente classique génère 16,7 % de dérive à 5 mètres après la buse quand la buse à fente classique basse pression en génère 6,9 %, contre 4,5 % pour la buse à pastille de calibrage et 3 % pour la buse à injection d’air. Seule les buses à injection d’air permettent de diminuer fortement la dérive par rapport à leurs concurrentes. La comparaison des différents types de buses sur l’efficacité d’applications phytosanitaires depuis une quinzaine d’années a montré que la buse à injection d’air ne diminuait pas leur efficacité, même si des ajustements du volume de bouillie étaient parfois nécessaires pour maintenir le même niveau d’efficacité par rapport à une buse à fente classique (Figure 1).

Figure 1 : Volume de bouillie minimum en fonction du mode d’action du produit, de la taille de la cible et du type de buse utilisé- synthèse d’essais réalisés depuis 2008.

 

Dans le détail, pour les produits herbicides systémiques, qui requièrent de pénétrer dans la plante par les feuilles pour agir, les buses à injection d’air donnent des résultats satisfaisants, jusqu’à 50 l/ha. Le volume et le type de buse n’ont pas non plus d’effet significatif sur l’efficacité d’un herbicide à action racinaire. Sur végétation bien développée, les résultats des applications d’herbicides de contact avec des buses à injection d’air sont satisfaisants jusqu’à 80 l/ha. La majorité des traitements peut ainsi s’effectuer à cette pression. Par contre, sur des cibles moins développées (adventices des betteraves par exemple), le volume minimum des buses à injection d’air doit passer à 150 l/ha pour que le traitement reste efficace. L’herbicide de contact doit toucher le maximum de la surface de l’adventice pour en détruire les tissus.

L’arrivée de buses à haut potentiel de réduction de dérive (75% et 90%) nous oblige à revoir les fondamentaux depuis 2021. Sur produits racinaires, le volume et le type de buse n’impacte pas l’efficacité des produits, même avec des buses homologuées à 90% comme en témoigne plusieurs essais réalisés sur prosulfocarbe entre 2018 et 2021. Un essai conduit en 2022 par l’Institut Technique de la Betterave et Arvalis a confirmé qu’un herbicide de contact était plus efficace à 150 l/ha qu’aux autres modalités étudiées (50 et 80 l/ha). Le volume de bouillie et le type de buse utilisé ont un effet sur l’efficacité de l’application des herbicides de contact. À 50 et 80 l/ha, seule la buse à fente classique permet d’assurer un désherbage de qualité. À 150 l/ha, les buses à injection d’air homologuées à 66 % et à 75 % affichent en essai des notes supérieures à la limite acceptable : elles peuvent être utilisées au champ. En revanche, la buse à injection d’air homologuée à 90 % ne donne pas de résultats satisfaisants. La taille des gouttelettes ne permet pas au produit de couvrir les feuilles des adventices ciblées. Pour les produits systémiques, les premiers résultats semblent aller dans le sens des essais historiques (Figure 1). En revanche, pour les produits ciblant la fusariose des épis : le type de buse importe peu mais un volume de 150 l/ha est requis.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel

L’utilisation des buses à injection d’air ne réduit pas directement les quantités de produits utilisées. En revanche, ces buses contribuent à une meilleure efficience des traitements en réduisant la dérive en dehors des parcelles, même en conditions limitantes (un faible vent engendre systématiquement de la dérive que seules les buses à injection d’air réussissent à contrer). Suivant la classe de réduction de dérive considérée, les buses réduisent la dérive de 66% à 90% par rapport à celle d’une buse de référence (buse à fente classique).

Surcoût et/ou gain

Par rapport à une buse à fente classique, on estime le surcout de l’ordre de 100% : en moyenne si une buse à fente classique coûte 6€, une injection d’air peut se vendre 12€. Mais il ne s’agit que d’une moyenne qui cache des disparités selon le matériau utilisé et la marque de la buse. De plus, ce surcoût est à relativiser au regard du coût des produits phytosanitaires appliqués annuellement (pour une rampe de 32m par exemple, le pulvérisateur est équipé de 64 buses soit 768€ en moyenne (64 buses*12€). De plus, des buses bien entretenues peuvent servir durant plusieurs campagnes agricoles, limitant ainsi le coût annuel.

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement

L’utilisation des buses à injection d’air engendre une réduction des impacts (opérateur et riverains) et environnement par réduction de la dérive de produits en dehors de la parcelle. De plus, il est à noter que ces buses n’engendrent pas une modification de l’organisation du travail ou de la pénibilité.

Freins à lever et conditions de réussite

Ce sont avant tout des freins d’ordre psychologique engendrés par des conseils techniques erronés qui consistent à dire que plus les gouttes sont grosses, plus l’efficacité des produits diminue. Or, les résultats obtenus par Arvalis montrent tout l’inverse, pourvu que le volume soit ajusté au type de buse et à la cible visée (cf. figure 1 et compléments paragraphe Contexte).  

Le taux d’équipement sur les pulvérisateurs en grandes cultures est majoritaire et continue de croître avec le renouvellement des appareils et les obligations réglementaires croissantes sur l’utilisation des buses homologuées.

Concernant le taux d’utilisation, celui-ci est aujourd’hui estimé à 50%. Mais là-aussi, ce taux semble augmenter rapidement sous l’effet conjugué des évolutions réglementaires et des préconisations techniques en la matière.

Grandes cultures.