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Légumes pour l'industrie
Ravageurs
Fiche
107

Prophylaxie contre la mouche des semis Delia platura en légumes pour l’industrie

Pratiques agronomiques
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La solution

La lutte repose principalement sur des mesures préventives visant à éviter les conditions favorables à l’attraction des mouches, à la survie des larves ou à la vulnérabilité des jeunes plantes.

Les leviers mobilisables sont les suivants :

  • Eviter la présence de matière organique peu décomposée au moment du semis, en veillant à :
    • Détruire les couverts hivernaux le plus tôt possible.
    • Limiter dans la mesure du possible les apports de matière organique avant la culture de légumes, et le cas échéant, privilégier des formes bien décomposées.
    • Anticiper toute incorporation au sol de matière organique fraîche (effluents, résidus de culture, …), de façon à respecter un délai de 2 mois avant de semer.
    • Eviter le semis direct, surtout en présence de matière organique dans la couche superficielle du sol.
  • Réduire l’humidité en surface au moment du semis, en mettant en œuvre :
  • Une préparation soignée du sol : privilégier d’effectuer le travail profond au moins trois semaines avant le semis ; par ailleurs, les interventions superficielles, comme le faux semis, réalisées dans de bonnes conditions, contribuent à dessécher le sol, limitant ainsi la survie des œufs et des larves.
  • Une gestion parcimonieuse de l’irrigation jusqu’à la levée
  • Favoriser la vigueur germinative en réduisant la période de levée et donc de sensibilité des cultures, en s’assurant de :
    • Semer sur un sol suffisamment réchauffé
    • Limiter la profondeur de semis dans les terres ressuyant mal :
      • Semis à moins de 2 cm de profondeur pour les haricots
      • Semis à 3-4 cm de profondeur maximum pour les pois, avec un semoir de précision
    • Utiliser si nécessaire un engrais starter pour accélérer la croissance des légumes

Figure n° 1 : Photos d’essais de mouches du semis sur haricot (©Unilet)

 

Ces pratiques doivent être combinées entre elles. Elles peuvent ne pas suffire à elles seules à supprimer le risque d’attaque des cultures par les mouches quand les conditions, en particulier climatiques, sont favorables au développement du bioagresseur.

Ces mesures de prophylaxie concernent l’ensemble des parcelles exposées au risque. Elles sont déjà largement préconisées et utilisées en fonction des situations de chaque parcelle.

Cette fiche portant sur les techniques prophylactiques pour gêner le cycle du ravageur, n’aborde pas les techniques de lutte directe. Elle est rattachée à la fiche focus « Prophylaxie grandes cultures et légumes de plein champ »

 

La mouche des semis (Delia platura 1 majoritairement) est un diptère polyphage dont les larves s’alimentent sur une vaste gamme d'espèces en germination (légumes, grandes cultures, productions horticoles…), mais manifeste une préférence pour les légumineuses telles que le pois, le haricot à écosser et le haricot vert

La surface allouée à la culture du petit pois oscille autour de 40 000 hectares, soit environ 0,15 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française. Avec près de 270 000 tonnes récoltées, la France en est le premier producteur européen2

La surface allouée à la culture du haricot à écosser oscille autour de 5 500 hectares, soit environ 0,02 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française. Près de 38 000 tonnes sont récoltées chaque année 3

 

La surface allouée à la culture du haricot vert oscille autour de 30 000 hectares, soit environ 0,1 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française. Avec plus de 350 000 tonnes récoltées en moyenne, la France en est le premier producteur européen 4.

D. platura est attirée par les odeurs dégagées par les sols fraîchement travaillés (semis rapprochés du labour), par la matière organique en décomposition et par les graines en germination.

Les femelles privilégient les sites de ponte assurant nourriture et humidité aux futures larves peu mobiles. Elles déposent leurs œufs dans les fissures du sol à la base des graines en germination. Lorsque la température est optimale (20-25°C), les œufs éclosent en quelques jours. Les larves pénètrent alors dans les plantules à partir des racines et s’alimentent des tissus internes en creusant des galeries dans les cotylédons et les tigelles. Elles peuvent aussi se nourrir de matières en décomposition et y effectuer la totalité de leur développement.

Les cultures sont sensibles durant toute la période de levée, c’est-à-dire durant les 2 à 3 semaines qui suivent le semis. Par la suite, les tissus deviennent suffisamment résistants. En fin de développement, les larves quittent généralement la plante-hôte, migrent dans le sol et se transforment en pupes qui donneront naissance à de nouveaux adultes. Suivant les régions, 3 à 6 générations peuvent se succéder au cours d’une année.

Les larves sont très sensibles aux fortes températures et à la sécheresse. L’activité se réduit lorsque les températures estivales sont supérieures à 27°C, puis reprend sous forme d’un nouveau pic à l’automne.

Outre la perte de pieds à la levée, qui, si elle est trop importante, peut nécessiter le resemis de la parcelle, la levée retardée de plants chétifs ou la formation de galeries au collet des plantes  facilitent le développement de maladies. Les galeries peuvent en effet être des portes d’entrée de maladies racinaires (pythium, fusariose du collet…). De plus, les décalages de croissance perturbent les opérations de désherbage à suivre et conduisent à une hétérogénéité de maturité des cultures lors de la récolte.

Lorsque les dommages causés par la mouche du semis deviennent visibles, il est trop tard pour intervenir. Dans un contexte de réduction, voire d’absence de produits de protection, il est essentiel de mettre en œuvre toutes les dispositions amont permettant de limiter les dégâts de mouche du semis.

Avec les aléas climatiques plus nombreux, la période d’exposition au risque est plutôt amenée à augmenter. Par exemple, un orage au printemps, avec des abats d’eau très importants suivis par une période froide et humide, peu poussante pour les cultures, favorise le développement de la mouche. Suivant les années, les 3 bassins de production de légumes pour l’industrie ne sont pas touchés de la même façon :

  • Forte attaque sur pois dans les Hauts de France en 2014
  • Forte attaque sur haricots en 2018 et en 2025 dans le Sud-Ouest Forte attaque sur haricots en 2021 en Bretagne

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel 

La mise en œuvre de ces mesures de prophylaxie permet de limiter le traitement au semis à base de téfluthrine en microgranulés en haricots (24% en 2023 contre 27% des parcelles traitées en 2019) et en flageolets (10 % en 2023 contre 55% des parcelles en 2019). NB : Ce produit n’est pas autorisé en pois.

Surcoût et/ou gain de la solution 

Il n'y a pas réellement de surcoût pour ces mesures de prophylaxie. En revanche le coût d’un traitement à base de téfluthrine est d’environ 50 €/ha.

Impact santé / environnement 

La réduction d’utilisation de l’insecticide utilisable aura un impact positif sur la santé des opérateurs et l’environnement

Freins à lever et conditions de réussite 

  • Le développement des couverts hivernaux constitue un facteur aggravant qui accentue la nécessité d’une destruction précoce, pas toujours compatible avec la réglementation.
  • Les dates d’interdiction d’épandage des matières fertilisantes organiques dans les plans d’action régionaux Nitrates peuvent réduire la période d’incorporation au sol avant le semis de printemps.
  • En fonction des conditions météo, il n’est pas toujours possible de déployer les mesures prophylactiques. L’approvisionnement régulier des usines de transformation nécessitant des semis étalés régulièrement sur toute la saison, l’aléa climatique reste inévitable.
  • En conditions sèches au semis ou de recours au désherbage mécanique, un semis profond est nécessaire pour améliorer l’ancrage et la résistance des plantes mais allonge la période de sensibilité à la mouche.

Nous ne disposons pas de données sur la mise en œuvre effective de ces pratiques agronomiques. Le potentiel de déploiement peut être estimé à partir des surfaces en pois et haricots, les plus exposées au risque mouche des semis dont l’expression reste très aléatoire, à savoir celles semées de mi-avril à fin juin :

  • Semis tardif de pois : 10 000 ha sur un total d’environ 40 000 ha, soit 1/3 des surfaces.
  • Semis tardif de haricots : 10 000 ha sur un total d’environ 30 000 ha, soit 35% des surfaces.
  • Semis tardif de flageolets : 1 500 ha sur un total d’environ 5 500 ha, soit 45% des surfaces.

Ces mesures de prophylaxie concernent l’ensemble des parcelles exposées au risque. Ces solutions sont déjà largement préconisées et utilisées en fonction des situations de chaque parcelle. Mais compte tenu des freins, seule une partie des surfaces sont en mesures de les voir appliquées.

Chaque année, on estime que :

  • Pour les haricots, 35% des surfaces à risque élevé, 21% des surfaces traitées.
  • Pour les flageolets, 45% des surfaces à risque élevé, 56% des surfaces traitées.

 

Indicateur de déploiement :

  • Evolution des surfaces traitées par rapport aux surfaces à risque.

Filière des légumes pour l’industrie, plus particulièrement les pois et haricots.

Bulletin semences n° 265 de la FNAMS (Janvier/Février 2019) « Contre la mouche des semis, quelles solutions ? » - https://www.fnams.fr/wp-content/uploads/2019/02/BS_265_07-pot_27-29.pdf

 

Plateforme de la R&D agricole « Mouche des semis : état des lieux et perspectives » - https://rd-agri.fr/detail/DOCUMENT/7831cd99-5c99-4512-ad1b-4e48adccb18c

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Delia platura. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/11662/Hypp-encyclopedie-en-protection-des-plantes-Delia-platura.
  2. Légumes - Petit pois - Mémento Fruits et Légumes - CTIFL. https://memento.ctifl.fr/fiche/legumes/petit-pois.
  3. Légumes - Haricot à écosser - Mémento Fruits et Légumes - CTIFL. https://memento.ctifl.fr/fiche/legumes/haricot-a-ecosser.
  4. Légumes - Haricot vert - Mémento Fruits et Légumes - CTIFL. https://memento.ctifl.fr/fiche/legumes/haricot-vert.