La solution
- OAD gestion des altises adultes.
Le seuil historique de traitement des altises adultes est de 8 pieds sur 10 avec morsures jusqu’au stade 4 feuilles. Or, plus que le seuil, il s’agit d’appréhender la vitesse d’accumulation des dégâts au regard de la vitesse de croissance de la culture. De plus, la nuisibilité diminue avec le stade de la culture. Le risque est évalué en combinant 5 critères : vigueur, stade, présence du ravageur, fréquence et intensité des dégâts. Chaque critère est évalué en répondant à des questions simples :
- Quel est le stade du colza au moment des vols d’altises (≤ 2 feuilles, 3 feuilles, 4 feuilles et plus) ?
- Est-ce que le colza est bien levé et poussant (absence d’attaques de ravageurs, de stress climatiques, absence de phytotoxicité, peuplement homogène) ?
- Y a-t-il activité avérée d'altises dans la parcelle (présence des insectes ou morsures fraiches sur les plantes) ?
- Quel % de surface foliaire consommé par les altises (moins de 25%, 25% ou plus) ?
- Quel est le % de plantes attaquées (moins de 80%, 80% ou plus) ?
Le risque est modulé en 4 niveaux : nul, faible, moyen, fort.
Un message est associé à chacun des 4 niveaux :
- Risque nul : « Ne pas intervenir »
- Risque faible : « Ne pas intervenir mais maintenir la surveillance jusqu'au stade 4 feuilles »
- Risque moyen : selon le stade et les capacités de croissance deux règles de décision sont possibles « Attention en l'espace d'une nuit le seuil de 25% de surface foliaire consommé peut être dépassé. Être particulièrement vigilant. » ou « Surveiller quotidiennement vos parcelles pour suivre l'évolution des dégâts ».
- Risque fort : « Le seuil de tolérance du colza est dépassé, une intervention est recommandée »
L'appréciation finale du risque est donnée ici à titre indicatif. Il est de la responsabilité de l’utilisateur (agriculteur, technicien) d’utiliser cette appréciation du risque pour le raisonnement de toute intervention phytosanitaire.
- OAD gestion des larves d’altises et charançon du bourgeon terminal
Les références acquises par Terres Inovia ces dernières années (Cadoux et al., 2015; Robert et al., 2019) ont démontré que la nuisibilité des larves d’altises d’hiver et du charançon du bourgeon terminal était réduite lorsque le colza présentait une forte biomasse au moment de la prise de décision, poussait de manière continue au cours de l’automne et reprenait précocement au printemps. Les deux règles de décisions proposées estiment un risque qui combine deux volets : un risque agronomique et un risque lié à la présence/pression en insectes.
- Evaluation du risque agronomique.
Ce risque est lié à la dynamique de croissance du colza et il est composé de 3 indicateurs clés évalués à la parcelle : la précocité de reprise hivernale (échelle du département), la biomasse aérienne du colza et le risque de rupture de croissance à l’automne (principalement lié à une faim d’azote).
A l’issue de l’évaluation des 3 indicateurs précédents, le risque agronomique potentiel est calculé selon une note de 0 à 10. Si la note globale est inférieure à 3/10, le risque agronomique potentiel est jugé faible et la probabilité que le colza présente une biomasse importante et une croissance dynamique est forte. Au contraire, si la note est supérieure à 5/10, le risque agronomique potentiel est jugé fort et le colza risque de présenter une biomasse insuffisante et/ou un arrêt de croissance important (cf. figure 1).
Figure 1 : Evaluation du risque agronomique
- Evaluation du risque lié à la présence/pression en insectes.
Pour les larves d’altises d’hiver, le risque insectes est évalué via le nombre de larves par plante. Il est recommandé d’estimer ce nombre de larves en ayant recours à la méthode Berlèse (https://www.terresinovia.fr/-/comment-faire-un-berlese-). Cette méthode consiste à laisser sécher les plantes sur une grille au-dessus d’un récipient. Les larves vont alors quitter les plantes, tomber dans le récipient dans lequel elles seront comptées.
Pour le charançon du bourgeon terminal, historiquement, un traitement est recommandé dès qu’il est capturé dans une cuvette jaune positionnée dans la parcelle ou dans une parcelle proche. Cet insecte est difficilement visible dans les champs, les dégâts sont engendrés par les pontes et le nombre de captures en cuvette n’est pas corrélé à la pression réelle (et encore moins aux dégâts). Nous ne disposons donc pas d’indicateurs fiables facilement utilisables au champ pour estimer la pression à la parcelle. Ce risque est donc modulé en fonction de l’historique de nuisibilité de cet insecte dans les départements à dires d’experts. Le risque est considéré selon le département a priori fort ou faible mais l’utilisateur peut indiquer lui-même s’il considère que la nuisibilité historique dans les parcelles qu’il visite est faible ou forte.
- Evaluation du risque global et messages associés
Sur altise d’hiver le seuil est modulé en fonction du risque agronomique. Un traitement est recommandé* lorsque le risque est moyen ou fort. En l’absence de risque agronomique identifié, intervenir au seuil de 5 larves par plante. En cas de risque agronomique identifié intervenir au seuil de 3 larves par plante.
Sur charançon du bourgeon terminal, le risque global est modulé en fonction du risque historique. Un traitement est recommandé* lorsque le risque est moyen ou fort à condition que des charançons aient été capturés dans la parcelle ou les parcelles alentours. En revanche si le risque est faible, une intervention n’est pas recommandée* même en présence de captures.
Au-delà de l’estimation du risque en cours de campagne et de l’aide à la décision pour la protection des cultures, cet outil a une vocation pédagogique : attirer l’attention sur l’importance des facteurs agronomiques pour limiter la nuisibilité des attaques de ces insectes. C’est la raison pour laquelle, l’outil indique en sortie la note du risque agronomique et donne une appréciation sur les 3 critères : biomasse au moment de la prise de décision, risque d’arrêt précoce de croissance, caractéristiques hivernales.
Terres Inovia et ses partenaires réalisent depuis de nombreuses années un monitoring de la résistance de la grosse altise et du charançon du bourgeon terminal. Le statut de résistance est ainsi régulièrement mis à jour. Avec la localisation de la parcelle (au département), l’outil peut proposer la stratégie de traitement la plus adaptée, en prenant en compte l’état des résistances aux insecticides.
* L'appréciation finale du risque est donnée ici à titre indicatif. Il est de la responsabilité de l’utilisateur (agriculteur, technicien) d’utiliser cette appréciation du risque pour le raisonnement de toute intervention phytosanitaire.