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Vigne
Maladies
Fiche
66

Lutte contre le botrytis de la vigne avec des solutions de biocontrôle et la prophylaxie

BiocontrôlePratiques agronomiques
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Réduction de l’IFT fongicide de 1 à 2.
L’utilisation de ces produits de biocontrôle favorise des stratégies à 1 seul traitement chimique de synthèse en début de saison.

La solution

Pour lutter contre botrytis en viticulture, plusieurs solutions peuvent être utilisés :

  • La prophylaxie
  • Le biocontrôle. Actuellement, deux grands types de solutions de biocontrôle sont disponibles sur le marché contre cinereaen viticulture :
    • les micro-organismes vivants (champignons et bactéries),
    • les substances naturelles d’origine minérale (bicarbonate de potassium ou hydrogénocarbonates de potassium) et végétale (terpènes et acide gibbérellique).

Modes d’action :

Prophylaxie

Le premier facteur clé de la gestion du botrytis est le recours à la prophylaxie qui, à elle seule, peut permettre une bonne gestion du botrytis lors des années à pression faible et / ou moyenne. C’est aussi un prérequis indispensable avant d’appliquer toute solution de biocontrôle contre la pourriture grise. Elle va permettre d’abaisser la pression parasitaire mais aussi de mieux exposer les grappes à la pulvérisation.

L’objectif des moyens prophylactiques est de limiter les facteurs favorisant le champignon, à savoir :

  • Un micro-climat plus aéré, ventilé et exposé, dans la zone des grappes.
  • La gestion de la vigueur des vignes : enherbement, charge et entassement des grappes limités.
  • Le recours à l’effeuillage : élimination d’une partie des feuilles de la zone des grappes, contribuant aussi à l’aération et l’exposition à la lumière pour défavoriser le champignon pathogène (Figure n°1 A).
  • La gestion des tordeuses de la grappe (eudémis, cochylis) qui occasionnent, notamment sur les générations de fin de saison, des blessures et une vection de l’inoculum très propices à la maladie (Figure n°1 B).

Figure n°1 : A – Effeuillage de la zone des grappes (© IFV) / B – Chenille de tordeuse (© IFV)

 

Biocontrôle

Lorsque le levier prophylactique n’est pas suffisant, il est possible de lutter contre le botrytis avec du biocontrôle grâce à :

  • Micro-organismes vivants: ils font intervenir des bactéries ou des champignons à action fongicide ou compétitrice. Certains de ces micro-organismes produisent des substances naturelles à action fongicide agissant sur la paroi du pathogène, tandis que d’autres agissent par la compétition spatiale, nutritive ou par des composés toxiques (phénomène d’antibiose).
  • Produits contenant des substances naturelles
    • A action directe fongicide: ces produits vont directement cibler les spores et mycélium de  Les solutions formulées à base de bicarbonate de potassium (hydrogénocarbonate de potassium) et homologuées sur botrytis, agissent par contact sur les cellules fongiques, en perturbant le pH et la pression osmotique, autant en préventif sur les spores que sur la maladie déclarée en asséchant le pathogène. D’autres solutions à base de terpènes d’origine végétale vont affecter l’intégrité des parois et membranes cellulaires du champignon (huile essentielle d’orange 1) et perturber les organites cellulaires (thymol, eugéniol et géraniol 1).
    • A action indirecte : Si elles sont appliquées juste avant fermeture de la grappe, les spécialités à base de terpènes vont également assécher l’environnement proche du Botrytis et contrarier son développement. Les régulateurs de croissance à base d’acide gibbérellique appliqués à l’apparition des inflorescences stimulent l’allongement de la rafle pour obtenir des grappes plus aérées, moins favorables à l’installation de la maladie.

Il n’existe pas de phénomènes de résistance connus : les produits classiques anti-botrytis font face à des résistances (voir note annuelle résistances vigne). La recommandation est de ne faire qu’une application par famille et par an. Actuellement, les produits de biocontrôle ne sont pas concernés par une résistance de B.cinerea.

Formulation, dose homologuée, nombre d’applications maximal, intervalle minimum entre applications, Délai De Rentrée (DRE), Délai Avant Récolte (DAR), Utilisable en Agriculture Biologique (UAB) et Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP) :

Certaines de ces solutions de biocontrôle sont éligibles aux CEPP :

  • Fiche action n° 2025-028 « Lutter contre divers champignons pathogènes du feuillage au moyen d’un produit de biocontrôle » 14.
  • Fiche action n° 2024-044 « Réduire les traitements fongicides et insecticides en culture au moyen d’une huile essentielle de biocontrôle » 15.

La surface allouée à la vigne oscille autour de 800 000 hectares, soit environ 2,7 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française. Avec près de 5 milliards de litres de vins produits, la France en est le premier producteur et exportateur mondial 16.

La pourriture grise est causée par le champignon Botrytis cinerea. Ce champignon s’attaque à toutes les parties aériennes vivantes de la vigne (feuilles, bourgeons, inflorescences, baies et jeunes rameaux tendres). Les symptômes sont divers suivant les stades attaqués. Les tissus attaqués se recouvrent d’une moisissure grise typique de botrytis. B. cinerea est un champignon saprophyte, se développant sur les blessures, les parties sénescentes ou nécrosées de la vigne 17. Il reste principalement dommageable sur les baies 18, entrainant à la fois des pertes de rendements par une réduction de la photosynthèse mais aussi des dégâts sur les qualités organoleptiques. En effet, il perturbe la fermentation et produit des odeurs fongiques et moisies 18.

Divers facteurs biotiques et abiotiques favorisent le développement de Botrytis tels que 1 18 :

  • le climat : une hygrométrie élevée supérieure à 90 % et une température optimale modérée de développement comprise entre 17°C et 23°C.
  • la pédologie. Un sol retenant l’eau favorise le développement de B. cinerea,
  • les pratiques culturales empêchant l’aération des pieds de vigne ou endommageant les pieds (rognage),
  • une densité foliaire et une quantité de baies par grappe importante,
  • une fertilisation excessive,
  • un désherbage systématique,
  • le matériel végétal utilisé,
  • les autres bio-agresseurs (tordeuses).

La pourriture grise est une maladie cryptogamique très atypique. Elle fluctue fortement selon les millésimes et leur profil météorologique. De ce fait, elle est très difficile à prévoir et à anticiper.

 

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel

Dans les vignobles où les anti-botrytis sont utilisés, le remplacement par des solutions de biocontrôle permet de remplacer 1 à 2 passages, soit 1 à 2 IFT Fongicide.

Surcoût et / ou gain de la solution

L’utilisation des produits de biocontrôle favorise des stratégies à 1 seul traitement chimique de synthèse en début de saison (stades phénologiques A « chute des capuchons floraux » ou B « Fermeture de la grappe »), plutôt qu’une stratégie à 2 traitements fongicides de synthèse (A+B ou A+C « Début véraison »). Ces solutions permettent de réduire l’IFT fongicide de 1.

Le coût de ces solutions de biocontrôle est recensé dans le tableau ci-dessous :

En comparaison, le coût à l’usage des solutions conventionnelles varie de 90 à 189 €/ha/application 20.

 

Impact santé / organisation du travail / pénibilité

Les produits de biocontrôle sont une solution en plein essor pour lutter contre le botrytis sur vigne. Ils répondent à des problématiques liées à la protection conventionnelle et possèdent des avantages non négligeables :

  • Résidus limités: les produits anti-botrytis classiques peuvent générer l’apparition de résidus phytosanitaires dans la vendange et dans les vins. Ce n’est pas le cas des produits de biocontrôle à ce jour.
  • DAR réduit : entre 1 et 3 jours selon les produits. Les produits de biocontrôle permettent des interventions tard en saison, moment où la grappe est la plus sensible, ce qui est impossible à réaliser avec un produit conventionnel.

 

Freins à lever et conditions de réussite

Conservation et stockage

Les contraintes de stockage et de conservation concernent plutôt les produits à base de micro-organismes car leur survie peut être altérée par des conditions extrêmes. La température de stockage doit être inférieure à 30°C, voire 25°C.

Les produits à base de substances d’origine naturelle ont globalement des conditions de stockage identiques à celles des produits phytosanitaires classiques.

Mode d’application des moyens de biocontrôle

Mis à part les produits à base d’acide gibbérellique qui ont un mode d’action très différent et qui sont appliqués une seule fois tôt en saison (grappes visibles 3 cm jusqu’à la floraison), les autres produits ont un mode d’application assez proche.

L’application des produits de biocontrôle cités se fait avec une pulvérisation localisée au niveau de la zone des grappes. Généralement, le volume par hectare conseillé est important, de l’ordre de 100-200 L/ha, et les recommandations vont jusqu’à une pulvérisation au point de ruissellement pour certains. L’objectif est de toucher un maximum de surface de grappe et d’apporter de l’eau en abondance.

Le positionnement des produits de biocontrôle est assez étalé dans la saison de la floraison jusqu’à quelques jours avant la vendange. Pour les produits à action directe sur le pathogène (à base d’hydrogénocarbonate de potassium, Bacillus subtilis, géraniol, eugénol, thymol) la période de positionnement préconisée par les firmes débute à partir du stade début fermeture (stade phénologique L 21) au plus près des périodes à risque de contamination botrytis.

Il est aussi recommandé de traiter lors de périodes à forte hygrométrie, soit pour favoriser l’installation et la survie des micro-organismes appliqués, soit pour permettre la libération et l’action de certaines substances actives.

Amélioration du positionnement grâce aux OAD

Actuellement, seule une spécialité peut être positionnée à l’aide d’un outil basé sur un indice quotidien modélisé de risque de botrytis à partir des données d’une station météo. Des travaux sont actuellement bien avancés à l’INRAE de Bordeaux (UMR SAVE, M. Fermaud) pour proposer un indice (indice de Ciliberti) combinant la température et l’humidité relative comme indice de risque pour positionner différents produits anti-Botrytis : fongicides de synthèse, produits de biocontrôle dont ceux à base de micro-organismes. Un outil d’aide à la décision, le projet SEC botrytis, en phase de pilote en 2019 déterminera le risque botrytis de la véraison à la vendange afin d’optimiser le positionnement du biocontrôle. Des indicateurs sur la sensibilité des baies (PRB : Potentiel de Réceptivité des Baies (Fermaud et Roudet, 2015) à INRAE UMR SAVE de Bordeaux ; IPP : Indice de Perméabilité des Pellicules à l’ISVV) sont aussi disponibles comme outils d’aide à la décision dans la région bordelaise.

Amélioration de l’utilisation des microorganismes de biocontrôle

La voie des micro-organismes est intéressante, mais présente des faiblesses dues à la nature même de ces produits et notamment à leur survie suite à leur application au vignoble : la météorologie, les conditions d’application, le terroir sont autant de facteurs qui peuvent fragiliser leur implantation et leur efficacité. Les produits à action physique, au moins pour ceux ayant été éprouvés dans les programmes expérimentaux du bordelais, semblent plus robustes et moins soumis aux aléas climatiques et / ou parcellaires. Néanmoins le caractère très brutal et imprévisible du développement du botrytis nécessite encore des travaux supplémentaires pour positionner et optimiser leur usage (OAD, indicateurs de sensibilité par exemple).

En 2018, 30 000 hectares de vigne était protégée avec des solutions de biocontrôle, soit environ 4% de la SAU vigne en se basant sur une surface totale de vigne de 800 000 hectares.

 

Indicateurs de déploiement :

  • Ratio [nombre d’hectares protégés avec des solutions de biocontrôle contre le botrytis de la vigne / nombre d’hectares totaux protégés contre le botrytis de la vigne (biocontrôle + conventionnel)].  Cet indicateur étant difficile à quantifier directement, il nécessite la mise en place de suivis réguliers auprès des producteurs et des acteurs de la filière, par exemple via des enquêtes annuelles sur les pratiques agricoles ou d’études panel.
  • Ventes des différents produits de biocontrôle, toutes filières confondues (source BNV-D Traçabilité 19).
  • Nombre de CEPP obtenus.

Vigne.

Les produits commerciaux homologués contenant les différentes solutions sont disponibles sur le site Ephy de l’Anses :

Fiches cellule RIT – centre de ressources cuivre :

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Botrytis de la vigne : comment protéger son domaine ? ISAGRI https://www.isagri.fr/maladies-vigne/botrytis.
  2. Rhapsody - Bayer. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/ppp/serenade-aso.
  3. Bacillus subtilis, souche IAB/BS03. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/bacillus-subtilis-strain-iabbs03.
  4. Aureobasidium pullulans (souches DSM 14940 et DSM 14941). Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/aureobasidium-pullulans-strains-dsm-14940-and-dsm-14941.
  5. TAEGRO - Novozymes. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/ppp/taegro.
  6. Bacillus amyloliquefaciens subsp. plantarum souche D747. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/bacillus-amyloliquefaciens-subsp-plantarum-d747.
  7. Trichoderma atroviride, souche SC1. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/trichoderma-atroviride-strain-sc1.
  8. Saccharomyces cerevisiae souche LAS02. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/saccharomyces-cerevisiae-las02.
  9. hydrogénocarbonate de potassium. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/potassium-hydrogen-carbonate.
  10. Géraniol. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/geraniol.
  11. huile essentielle d’orange. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/orange-oil.
  12. acide gibbérellique. Ephy (Anses) https://ephy.anses.fr/substance/gibberellic-acid.
  13. Clonostachys rosea souche J1446. Ephy-Anses https://ephy.anses.fr/substance/clonostachys-rosea-souche-j1446.
  14. Lutter contre divers champignons pathogènes du feuillage au moyen d’un produit de biocontrôle. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/lutter-contre-divers-champignons-pathogenes-du-feuillage-au-moyen-dun-produit-de.
  15. Réduire les traitements fongicides et insecticides en culture au moyen d’une huile essentielle de biocontrôle. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/reduire-les-traitements-fongicides-et-insecticides-en-culture-au-moyen-dune-huile.
  16. Infographie - La viticulture française. Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt https://agriculture.gouv.fr/infographie-la-viticulture-francaise.
  17. Protection contre la pourriture grise sur vigne. Index acta Biocontrôle 2023 https://www.index-acta.fr/actualites/protection-contre-la-pourriture-grise-sur-vigne.
  18. Botrytis cinerea. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/6987/Vigne-Biologie-epidemiologie.
  19. BNV-D Traçabilité. https://ventes-produits-phytopharmaceutiques.eaufrance.fr/search?filetype=Ventes.
  20. Coût des fournitures en viticulture | évolutions techniques et réglementaires. https://www.coutdesfournitures.fr/.
  21. Poster - stades phénologiques de la vigne. IFV Occitanie https://www.vignevin.com/wp-content/uploads/2019/05/Poster-stades-ph%C3%A9nologiques-de-la-vigne.pdf.