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Cultures sarclées de printemps
Adventices
Fiche
78

Gestion de trois espèces d’adventices (Datura, Ambroisie, Tournesol adventice) en système de culture incluant des cultures plantes sarclées de printemps

Pratiques agronomiques
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La solution

Il s’agit pour le producteur de déployer une combinaison de leviers d’ordre prophylactique, auxquels viennent s’ajouter les moyens de lutte curatifs, dont les herbicides. L’objectif est d’améliorer, sur le moyen terme, la lutte contre ces adventices tout en limitant le recours aux herbicides. Cette approche constitue également l’incontournable moyen d’assurer la durabilité des solutions tout en prévenant le risque d’apparition de résistance aux herbicides au sein des populations d’adventices.

 

Moyens de lutte prophylactiques

Ils sont variés et dépendent du type d’adventice invasive ciblé :

Choix de la parcelle et rotations

La rotation est un levier efficace. Il s’agit d’introduire en premier lieu davantage de cultures d’hiver de manière à perturber le cycle naturel de développement de ces adventices estivales.

Si la parcelle présente des niveaux d’infestations importants, il est préférable d’éviter les cultures de printemps pendant quelques années afin de rendre la situation plus facile à gérer.

Sourçage des apports organiques incorporant des composts

Le sourçage des apports organiques incorporant des composts afin d’identifier les composts risquant d’incorporer des résidus issus de parcelles contaminées, constitue une prévention du risque d’introduction de graines adventices viables dans les parcelles recevant ces apports.

Qualité des semences 

En règle générale, les semences certifiées répondent à des normes de pureté spécifique permettant de minimiser le risque d’introduction de graines exogènes à la parcelle.

Repérage et arrachage manuel en cas d’infestation réduite

Il s’agit de repérer les premières infestations : sur le rang pour le tournesol sauvage, souvent à l’entrée des parcelles mais aussi en bordure pour l’ambroisie et le datura. Afin d’améliorer ce repérage, des outils de détection par imagerie (drones, satellites ou capteurs embarqués) peuvent être utilisés pour identifier précocement les zones infestées. Bien que ces mesures soient coûteuses, elles permettent de cibler plus précisément les secteurs nécessitant une intervention et de rendre l’arrachage manuel plus efficace. Une fois repérés, les premiers individus doivent faire l’objet d’un arrachage manuel à réaliser au plus tard avant la floraison de l'adventice pour éviter toute production de pollen allergisant ou de graines. Le port de gants est obligatoire dans le cas du datura pour éviter tout risque d'intoxication.

Hygiène des agroéquipements

Pour l’ambroisie et le datura, il est préférable de récolter les parcelles infestées en dernier et ensuite, assurer un nettoyage minutieux de la moissonneuse. Cette pratique permet de rompre le risque d’extension de la contamination du parcellaire. Une vidéo explicative détaillant les bonnes pratiques de nettoyage est disponible dans la rubrique « En savoir plus ».

Travail du sol 

Le faux semis est un autre levier puissant mais avec un effet plus ou moins bénéfique en fonction de la date de semis et des conditions climatiques qui suivront. Pour l’ambroisie et le tournesol adventice, c’est un levier intéressant car ces adventices lèvent tôt (mi-mars) alors que pour le datura, qui se caractérise par des levées échelonnées tout l’été, l’effet est moins visible. Deux périodes sont possibles :

  • au printemps : préparation précoce des sols ou faux semis pour favoriser une levée de ces adventices, puis décalage de la date de semis à la première décade de mai. Au moment du semis, les adventices sont détruites soit avec un herbicide non sélectif, soit avec un passage superficiel d’outil, efficace uniquement si les conditions climatiques après le passage d’outil sont séchantes
  • pendant l’interculture d’été et de début d’automne (après céréales ou protéagineux par exemple). Selon la pluviométrie, c’est aussi une période favorable à la levée des adventices. Il s’agit autant d’éviter la montée à graines (herbicide non sélectif, broyage), que d’induire de nouvelles levées par le travail du sol (déchaumage, travail mécanique).

Qualité d’implantation de la culture

Les manques à la levée ou toute autre perte de plantes en culture laissent des espaces libres dans lesquels les adventices se développent plus librement. Maintenir un peuplement optimal limite donc ce phénomène. Le datura est l’espèce la plus sensible à la compétition à la lumière. Cependant même à l’ombre les daturas accélèrent leur cycle et produisent quelques bogues qui contribuent à l’enrichissement du stock grainier.  Les passages d'enrouleur sont également un lieu de prédilection pour le développement du datura ou des ambroisies, notamment en raison du fort accès à la lumière : un broyage d'entretien est toujours bienvenu.

 

Moyens complémentaires :

Une utilisation optimale des herbicides

Il s’agit d’utiliser les herbicides les plus appropriés, à la fois efficaces contre l’espèce ciblée et  intégrant une diversité de mode d’action pour limiter le risque d’apparition de résistance.  L’efficacité repose également sur le strict respect des recommandations techniques propres  à chaque situation : stade d’application, modalité d’application (exemple : fractionnement) , dose et cultures suivantes.

L'objectif de mise en œuvre d'une stratégie herbicide doit viser une efficacité satisfaisante permettant la destruction totale des adventices et pas seulement un blocage de leur cycle qui conduira inévitablement à la production rapide de graines.

Le désherbage mécanique

C’est un excellent complément à la lutte herbicide, en particulier le binage, mais il est important de retenir que ce n’est pas toujours une solution complète dans la mesure où d’une part le datura est capable de repartir en végétation après un binage et d’autre part la non-gestion du rang peut laisser suffisamment d’ambroisie dans une parcelle pour qu’elle soit préjudiciable à la culture. De plus, selon les conditions pédoclimatiques, le travail du sol généré par le binage pourra provoquer de nouvelles levées dans l'inter-rang qui seront alors difficilement gérables par la suite.

L’ambroisie à feuille d’armoise 1 (Ambrosia artemisiifolia) est une espèce invasive de printemps dont le pollen allergisant pose des problèmes de santé publique. Elle est aussi très nuisible en raison d’une forte compétitivité liée à sa prolifération et sa forte biomasse. Le contrôle de l’ambroisie en culture de printemps représente une réelle difficulté à cause du faible nombre de substances actives à la fois efficaces et sélectives des grandes cultures de printemps telles que tournesol, maïs, soja ou sorgho, mais aussi à cause des stades limites d'utilisation des herbicides indiqués dans les décisions de mise en marché qui ne permettent plus d'intervenir tardivement en culture tout en respectant les délais avant récolte et donc les limites maximales de résidus dans les produits récoltés.

A noter la présence de plus en plus fréquente de l’ambroisie trifide 2 3 (Ambrosia trifida) dans le Sud-Ouest, dont la nuisibilité est particulièrement pénalisante pour ces cultures. De plus, avec un gabarit encore plus imposant que l'ambroisie à feuille d'armoise, l'ambroisie trifide produit une plus grande quantité de pollen avec un très fort pouvoir allergisant.

 

Le cas du datura (Datura stramonium) 4 est assez proche. Rencontré fréquemment dans les cultures de printemps, le datura est nuisible (forte compétition sur l’eau, la lumière, ...). Ses levées échelonnées le rendent particulièrement difficile à éliminer. Cette adventice est également une plante toxique du fait des alcaloïdes tropaniques qu’elle contient dans ses tissus et dans ses graines (atropine et scopolamine). Pour l'alimentation humaine, la réglementation (Rég CE 1881/2006) impose une teneur maximale de 15 µg/kg pour la somme atropine+scopolamine pour le maïs excepté le pop-corn réglementé à 5 µg/kg. Les produits de moutures de maïs sont également réglementés à 5 µg/kg pour la somme des deux alcaloïdes alors que pour les aliments destinés aux jeunes enfants, les teneurs sont réglementées à 1 µg/kg pour chaque alcaloïde. Pour l'alimentation animale, la réglementation (Dir UE 2002/32) fixe la limite à 1 gramme de graine de datura par kg de toute matière première et tout aliment pour animaux. Ces seuils sont très faibles et généralement atteints avec la production d'une seule plante de datura. Le contrôle du datura en culture est possible avec différents herbicides disponibles pour la plupart des cultures de printemps. Toutefois, comme pour l'ambroisie, il est dorénavant impossible d'intervenir sur les levées tardives en raison des stades limite d'utilisation des herbicides déterminés dans les décisions de mise en marché.

 

Le tournesol adventice 5 (Helianthus annuus), communément appelé « tournesol sauvage » est présent en France depuis le début des années 2000. Il s’est largement développé depuis dans le Sud-Ouest et le Centre-Ouest. Sa présence a pu être observée dans plus de 15% des parcelles du Sud-Ouest dans les années 2013-2014. Il est impossible à contrôler avec les herbicides de prélevée et sa nuisibilité peut parfois dépasser 50% du rendement. Sa multiplication grainière est importante car les graines sont déhiscentes(libérées naturellement par le fruit à maturité). Ces graines entrent ensuite en dormance, ce qui contribue à constituer un important stock grainier. Cette plante est toutefois facile à reconnaitre ce qui ouvre des perspectives de lutte au champ.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel :

L’objectif est, par la mise en application de ces pratiques de réduire les risques sanitaires via la réduction d’émission de pollen d’ambroisie ou via la réduction des contaminations de lots de récoltes et leur transformation par les alcaloïdes issus des graines de datura. Pour le producteur, cet impact sanitaire peut aller jusqu’au refus de lot ou l’obligation de les retrier.

La mise en œuvre des mesures prophylactiques permet une réduction de l’Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT) compris entre 0 et 0,5.

Réduire à un niveau très bas la pression des adventices permet de limiter le recours à des programmes herbicides lourds dans les cultures. Ce sont les fortes infestations d’ambroisie qui génèrent les plus gros IFT (jusqu’à 2,4 en culture de tournesol).

Surcoût et/ou gain de la solution :

Le coût total de la combinaison de solutions à mettre en œuvre sera plus important si le glyphosate est interdit pour ce type d’usage. Les passages mécaniques supplémentaires rendus alors nécessaires accentuant le surcoût.

Le gain pour le producteur d’une lutte efficace correspond à la réduction de la nuisibilité de ces adventices et la sécurisation du débouché (alimentations humaine et animale).

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement :

Santé : préserver les consommateurs d’un risque d’intoxication mortelle par les alcaloïdes lié à la présence du datura et d’un risque de maladies respiratoires sévères pour les habitants des régions impactées par la présence d’ambroisie.

Organisation du travail / pénibilité : augmentation de la main d’œuvre d’exploitation pour les mesures de prophylaxie mais aussi pour la gestion d’interculture dans le cadre du plan de sortie du glyphosate. Grosses difficultés pour le personnel effectuant le tri des épis de maïs semences (blessures liées aux bogues piquantes du datura, risque d’intoxication aux alcaloïdes, …).

Freins à lever et conditions de réussite :

Freins :

  • Réticence sur le décalage de la date de semis, ce qui peut s’expliquer par des performances économiques variables selon la culture et le contexte pédoclimatique mais aussi selon l’espèce invasive ciblée et son niveau d’infestation. En outre, l’organisation de l’exploitation ne permet pas toujours de réaliser un décalage optimal de la date de semis. Les espèces tournesol et soja se prêtent plus facilement à cette technique dans les contextes Centre-Ouest et Sud.
  • Sur ambroisie ou datura, le nettoyage du matériel de récolte est une opération minutieuse parfois difficile à insérer entre les chantiers, en particulier lorsque ceux-ci ne sont pas mis en œuvre par l'exploitant mais confiés à des entrepreneurs de travaux agricoles.

Conditions de réussites :

  • Importance du déstockage en interculture estivale après une culture d’hiver pour ces adventices à levées échelonnées.
  • Importance de la gestion des abords, du nettoyage du matériel de travail du sol, si possible de récolter (Faire tourner à minima la soufflerie à vide et à puissance maximale) à la sortie de la parcelle et non à l’entrée de la suivante. L’arrachage n’étant pas toujours suffisant sur des plantes développées (ambroisie, datura) qui peuvent éventuellement se repiquer, redémarrer. L’exportation en dehors de la parcelle des plants arrachés si ces derniers présentent déjà des graines en formation est nécessaire.
  • Accentuer la communication pour que tous les acteurs, notamment les FDCUMA et les entrepreneurs agricoles, s’approprient les bonnes pratiques de gestion de ces adventices à enjeu sanitaire.

Demandes adressées aux pouvoirs publics :

  • S’assurer que les DDT et les services territoriaux, assument leur part de gestion préventive, l’information et la formation de leurs agents.
  • Communiquer sur les coûts liés à une mauvaise gestion de ces adventices sur la santé.

Il est difficile de disposer d’une évaluation quantitative du déploiement des moyens de lutte présentés.

La lutte contre l’ambroisie est organisée de façon plus institutionnelle (arrêtés préfectoraux, actions des communes et de la SNCF, …), notamment via l’Observatoire des ambroisies 6.

Nous estimons que des marges de manœuvre restent encore à exploiter notamment sur la prophylaxie : arrachage manuel et nettoyage du matériel de récolte. Le décalage de la date de semis, sans être pertinent dans toutes les situations, pourrait être une pratique plus largement déployée en culture de tournesol notamment.

 

Pour renforcer le déploiement à l’avenir, une communication intensive auprès de tous les acteurs d’un territoire est nécessaire, au moins pour les invasives à enjeu de santé publique, dans une approche intégrée de type « One Health ».

 

Indicateur de déploiement :

Le suivi du déploiement des différentes pratiques impliquerait un questionnement spécifique des agriculteurs, difficile à mettre en œuvre de façon régulière. Il est donc proposé de suivre les actions d’informations aux acteurs : fiches de synthèse, guides de culture et autres supports de communication, BSV, et tous les canaux de diffusion des instituts (ARVALIS, UNILET, TERRES INOVIA, …).

Les cultures de printemps et en particulier les cultures sarclées telles que le tournesol ou le maïs mais aussi le soja et le sorgho et les cultures légumières de plein champ.

Vidéo « Comment bien nettoyer sa moissonneuse-batteuse » du Comité Technique Désherbage Centre Ile de France - https://www.youtube.com/watch?v=bBByjet-QM8

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Ambroisie Risque Info. Ambroisie Risque https://ambroisie-risque.info/ (2021).
  2. Ambroisie trifide. Plantes Risque Info https://plantes-risque.info/plantes/ambroisie-trifide/ (2021).
  3. L’Ambroisie trifide. Fredon Occitanie https://www.fredonoccitanie.com/eesh/lambroisie-trifide-ambrosia-trifida/ (2023).
  4. Datura stramoine. Plantes Risque https://plantes-risque.info/plantes/datura-stramoine/ (2021).
  5. Tournesols sauvages. Terres Inovia https://www.terresinovia.fr/documents/20126/156305/fiche_tournesol_sauvage_2015_Terres_Inovia.pdf/62562c0b-305f-ac6f-97ed-a1761cbe718e?t=1554913127260.
  6. Observatoire des ambroisies. Ambroisie Risque Info https://ambroisie-risque.info/observatoire-des-ambroisies/ (2021).