La solution
Il s’agit pour le producteur de déployer une combinaison de leviers d’ordre prophylactique, auxquels viennent s’ajouter les moyens de lutte curatifs, dont les herbicides. L’objectif est d’améliorer, sur le moyen terme, la lutte contre ces adventices tout en limitant le recours aux herbicides. Cette approche constitue également l’incontournable moyen d’assurer la durabilité des solutions tout en prévenant le risque d’apparition de résistance aux herbicides au sein des populations d’adventices.
Moyens de lutte prophylactiques
Ils sont variés et dépendent du type d’adventice invasive ciblé :
Choix de la parcelle et rotations
La rotation est un levier efficace. Il s’agit d’introduire en premier lieu davantage de cultures d’hiver de manière à perturber le cycle naturel de développement de ces adventices estivales.
Si la parcelle présente des niveaux d’infestations importants, il est préférable d’éviter les cultures de printemps pendant quelques années afin de rendre la situation plus facile à gérer.
Sourçage des apports organiques incorporant des composts
Le sourçage des apports organiques incorporant des composts afin d’identifier les composts risquant d’incorporer des résidus issus de parcelles contaminées, constitue une prévention du risque d’introduction de graines adventices viables dans les parcelles recevant ces apports.
Qualité des semences
En règle générale, les semences certifiées répondent à des normes de pureté spécifique permettant de minimiser le risque d’introduction de graines exogènes à la parcelle.
Repérage et arrachage manuel en cas d’infestation réduite
Il s’agit de repérer les premières infestations : sur le rang pour le tournesol sauvage, souvent à l’entrée des parcelles mais aussi en bordure pour l’ambroisie et le datura. Afin d’améliorer ce repérage, des outils de détection par imagerie (drones, satellites ou capteurs embarqués) peuvent être utilisés pour identifier précocement les zones infestées. Bien que ces mesures soient coûteuses, elles permettent de cibler plus précisément les secteurs nécessitant une intervention et de rendre l’arrachage manuel plus efficace. Une fois repérés, les premiers individus doivent faire l’objet d’un arrachage manuel à réaliser au plus tard avant la floraison de l'adventice pour éviter toute production de pollen allergisant ou de graines. Le port de gants est obligatoire dans le cas du datura pour éviter tout risque d'intoxication.
Hygiène des agroéquipements
Pour l’ambroisie et le datura, il est préférable de récolter les parcelles infestées en dernier et ensuite, assurer un nettoyage minutieux de la moissonneuse. Cette pratique permet de rompre le risque d’extension de la contamination du parcellaire. Une vidéo explicative détaillant les bonnes pratiques de nettoyage est disponible dans la rubrique « En savoir plus ».
Travail du sol
Le faux semis est un autre levier puissant mais avec un effet plus ou moins bénéfique en fonction de la date de semis et des conditions climatiques qui suivront. Pour l’ambroisie et le tournesol adventice, c’est un levier intéressant car ces adventices lèvent tôt (mi-mars) alors que pour le datura, qui se caractérise par des levées échelonnées tout l’été, l’effet est moins visible. Deux périodes sont possibles :
- au printemps : préparation précoce des sols ou faux semis pour favoriser une levée de ces adventices, puis décalage de la date de semis à la première décade de mai. Au moment du semis, les adventices sont détruites soit avec un herbicide non sélectif, soit avec un passage superficiel d’outil, efficace uniquement si les conditions climatiques après le passage d’outil sont séchantes
- pendant l’interculture d’été et de début d’automne (après céréales ou protéagineux par exemple). Selon la pluviométrie, c’est aussi une période favorable à la levée des adventices. Il s’agit autant d’éviter la montée à graines (herbicide non sélectif, broyage), que d’induire de nouvelles levées par le travail du sol (déchaumage, travail mécanique).
Qualité d’implantation de la culture
Les manques à la levée ou toute autre perte de plantes en culture laissent des espaces libres dans lesquels les adventices se développent plus librement. Maintenir un peuplement optimal limite donc ce phénomène. Le datura est l’espèce la plus sensible à la compétition à la lumière. Cependant même à l’ombre les daturas accélèrent leur cycle et produisent quelques bogues qui contribuent à l’enrichissement du stock grainier. Les passages d'enrouleur sont également un lieu de prédilection pour le développement du datura ou des ambroisies, notamment en raison du fort accès à la lumière : un broyage d'entretien est toujours bienvenu.
Moyens complémentaires :
Une utilisation optimale des herbicides
Il s’agit d’utiliser les herbicides les plus appropriés, à la fois efficaces contre l’espèce ciblée et intégrant une diversité de mode d’action pour limiter le risque d’apparition de résistance. L’efficacité repose également sur le strict respect des recommandations techniques propres à chaque situation : stade d’application, modalité d’application (exemple : fractionnement) , dose et cultures suivantes.
L'objectif de mise en œuvre d'une stratégie herbicide doit viser une efficacité satisfaisante permettant la destruction totale des adventices et pas seulement un blocage de leur cycle qui conduira inévitablement à la production rapide de graines.
Le désherbage mécanique
C’est un excellent complément à la lutte herbicide, en particulier le binage, mais il est important de retenir que ce n’est pas toujours une solution complète dans la mesure où d’une part le datura est capable de repartir en végétation après un binage et d’autre part la non-gestion du rang peut laisser suffisamment d’ambroisie dans une parcelle pour qu’elle soit préjudiciable à la culture. De plus, selon les conditions pédoclimatiques, le travail du sol généré par le binage pourra provoquer de nouvelles levées dans l'inter-rang qui seront alors difficilement gérables par la suite.