La solution
La solution consiste à mettre en œuvre des mesures pendant l’interculture pour réduire la pression des bio-agresseurs identifiés ou suspectés sur la parcelle et son environnement.
L’usage de produits phytopharmaceutiques pendant l’interculture est très limité par la réglementation : les traitements de type insecticides, molluscicides ou fongicides ne sont généralement pas autorisés avant la mise en place des cultures. En désherbage, le glyphosate pour la destruction d’adventices vivaces ou annuelles, de repousses ou de couverts végétaux, pendant la période d’interculture, n’est autorisé que dans des contextes et des conduites culturales déterminés. Ces autorisations viennent de plus d’être revues après l’évaluation comparative conduite par l’ANSES sur les alternatives en 2020.
La solution recouvre un éventail de pratiques, chacune appropriée (ou pas) à un bio-agresseur donné. Ces pratiques vont surtout distinguer :
- Des interventions de travail du sol, qui ont pour objectif de perturber le milieu de vie des parasites ou de leurs supports de conservation, de les détruire physiquement (ex : limaces), de limiter l’inoculum primaire de maladies, de détruire des adventices vivaces ou annuelles. Il faut noter que l’absence de travail du sol peut aussi être un mode d’action (limitation de levées d’adventices, conditions favorables au maintien d’auxiliaires, etc…).
- Des implantations de couverts végétaux dans un but de maîtrise des bio-agresseurs : effet d’étouffement des adventices pendant leur durée de végétation ou sous forme de mulch après destruction, coupure de cycle de parasites ou de maladies, effets biofumigants. Par simplification, cette fiche n’aborde pas les couverts permanents, voués à être maintenus en culture.
Nous résumons ci-dessous les principales mesures actionnables en distinguant adventices d’une part, ravageurs et maladies d’autre part, mais le tableau en annexe est plus exhaustif et permet d’approcher les gains potentiels de réduction des produits phytopharmaceutiques permis par ces mesures. Pour adapter ces éléments aux situations particulières, il convient de se rapprocher de conseillers techniques locaux (coopératives, chambres d’agricultures, négoces, instituts techniques).
Gestion appropriée de l’interculture pour le contrôle des adventices et des repousses :
Pour le contrôle des adventices annuelles ou des repousses, la technique du faux semis et les travaux du sol sont les principales méthodes déployées. La mise en place de couvert à action concurrentielle se développe également. Le choix de l’espèce adaptée repose sur une analyse pluricritères complexe qui peut rendre nécessaire l’utilisation d’un outil d’aide à la décision comme l’outil « Choix des couverts ».
Pour le contrôle des adventices vivaces, la solution consiste à réaliser des interventions de déchaumage en fin d’été avec un outil approprié, outil de déchaumage profond pour des chardons, laiterons, adventices enracinées en profondeur ou espèces à rhizomes (chiendent, rumex). Pour ces dernières, il s’agira de répéter plusieurs fois en conditions sèchantes afin de les extirper. Pour les chardons, des répétitions de passages d’outil scalpeur sont une alternative, et viseront à épuiser les réserves des plantes. Pour des vivaces développées et envahissantes, le labour peut compléter leur maîtrise (chardons).
Gestion appropriée de l’interculture pour le contrôle des ravageurs et des maladies:
Pour des parasites protégés ou alimentés par des résidus de culture, la période d’interculture peut être mise à profit par un travail du sol qui réduira leur volume, qui perturbera le milieu de vie des formes parasitaires présentes et diminuera le nombre d’individus qui vont constituer le foyer initial des attaques ultérieures.
Actuellement, la valorisation d’une action de couverts végétaux pour lutter contre des ravageurs se limite au seul cas de la betterave sucrière, avec l’effet de coupure de cycle de reproduction du nématode à kyste Heterodera Schachtii par des brassicacées résistantes implantées précocement en été.
Des espèces et variétés parmi les brassicacées riches en glucosinolates ont montré un potentiel de réduction du développement de champignons telluriques, rhizoctone brun sur betterave, piétin échaudage sur blé (Natacha Motisi 2009), mais les règles à respecter lors de leur destruction, et le fait qu’elles soient surtout intéressantes dans des successions maïs-betteraves, donc dans des conditions de conduite de couverts très spécifiques, a stoppé leur développement.
Une nouvelle voie, mais qui nécessitera d’adapter la règlementation à l’inscription variétale et de préciser le statut de l’organisme hébergé dans la semence, serait d’implanter des plantes endophytées en interculture, et maintenues jusqu’à la culture suivante pour diminuer les attaques de ravageurs. Les champignons endophytes du genre Neotyphodium confèrent à la graminée un effet insecticide, l’efficacité de la solution doit encore être validée et spécifiée selon les ravageurs.