La solution
L’objectif est de gérer les couverts d’interculture ou concomitants à la culture afin d’optimiser leurs services écosystémiques favorables à la santé des cultures. Ici on s’intéresse exclusivement à l’effet des couverts sur la gestion des adventices et des repousses du précédent cultural en distinguant trois grands types de méthodes (figure 1) :
- Cas 1: implantation de cultures intermédiaires pendant l’interculture lesquelles seront détruites avant la culture suivante,
- Cas 2: implantation d’une plante compagne dans la culture mais non maintenue vivante dans l’interculture ou la culture qui suivent ; elle est généralement détruite avant récolte de la culture, mais quelque fois dans l’interculture suivante, on parle alors de couvert associé relai (cas 2bis),
- Cas 3: implantation de couverts semi-permanents, qui seront maintenus vivants dans la culture suivante. On utilise les termes de couvert « semi-permanent » plutôt que permanent car la présence du couvert dure généralement entre 18 et 30 mois.
Il est important de souligner que les couverts seront rarement implantés en vue seulement de leur potentiel effet de compétition sur les adventices mais plus généralement pour un objectif de fertilité des sols ou de gestion des flux d’azote (cultures intermédiaires pièges à nitrate ou CIPAN) en combinaison avec la gestion des adventices. On parle alors de couverts multiservices. De plus, pour qu’il y ait compétition du couvert vis à vis des adventices ou repousses, il faut qu’il y ait compétition pour des éléments limitants (éléments nutritifs, eau, lumière), ce qui suppose que ces ressources soient effectivement limitantes. Lorsqu’il y a superposition temporelle entre la présence du couvert et le développement de la culture (cas 2 et 3), Il y a un équilibre subtil à trouver pour que le couvert altère le cycle des adventices sans affecter la culture.
Figure 1 – Différentes catégories de couverts pouvant avoir un impact sur la gestion des adventices et des repousses du précédent cultural
Dans le cas 1, l’effet de la culture intermédiaire sera limité aux levées d’adventices et repousses qui ont lieu pendant l’interculture. L’effet désherbant ne dure que le temps de la présence du couvert et ne se retrouve pas dans la culture suivante sauf si le semis se fait directement en maintenant le mulch mort à la surface du sol. Pour que l’effet désherbage soit important, il faudra semer le couvert sur un sol propre et obtenir une biomasse homogène suffisante (3t MS /ha ressort souvent comme l’objectif à atteindre) mais surtout une couverture rapide du sol pour réduire d’autant le fenêtre pendant laquelle les adventices peuvent germer et s’installer (espèces rapides à couvrir le sol levant à une bonne densité). Cette technique permet de réduire le nombre d’interventions de travail du sol pendant l’interculture tout en cumulant d’autres fonctions (piège à nitrate, stockage de carbone, lutte contre l’érosion, …). La destruction du couvert se fera par le gel avec ou sans roulage préalable, ou bien par les travaux du sol avec ou sans broyage préalable et/ou l’emploi de désherbants totaux s’ils sont autorisés (Tableau 1). Le semis de la culture suivante peut se faire en semis direct ou après travaux du sol.
Tableau 1 – Modalité de destruction des cultures intermédiaires (Source : Arvalis, brochure « les vrais-faux des couverts »).
Dans le cas 2, la plante compagne est généralement semée en même temps que la culture, soit en mélange, soit dans les interlignes. Dans le cas du colza, plusieurs bénéfices sont généralement recherchés et en particulier la contribution à la maîtrise des dégâts d’insectes (via un effet direct de perturbation des ravageurs et indirect d’amélioration de la croissance et donc de robustesse du colza) ou la restitution d’azote au printemps au colza. Le contrôle des adventices est un objectif parfois mis en avant. L’effet des couverts associés permet de limiter le développement des adventices qui lèvent de façon décalée, et ainsi de garder un contrôle satisfaisant des adventices avec un programme herbicide allégé. Cet effet peut être insuffisant dans les situations de forte pression d’adventices dicotylédones qui lèvent en même temps que le colza.
Ex : légumineuses gélives dans le colza (cf fiche n°2 du Contrat de Solutions « associer au semis un colza avec des légumineuses gélives »).
Dans le cas 3, le couvert semi-permanent est implanté avant la culture, le plus souvent dans la culture précédente, et il est maintenu vivant de façon à poursuivre son effet de compétition vis-à-vis des adventices dans la culture, voire les cultures suivantes. Les techniques sont plus délicates à maîtriser que dans le cas 2, car il faut gérer ensemble, et sur la durée, la culture et sa plante compagne pour que l’effet compétition vis-à-vis des adventices ou des repousses soit significatif, mais sans effet de concurrence vis-à-vis de la culture (date implantation, régulation pour réduire la concurrence sans détruire le couvert, modalité de destruction). Cette situation reste exploratoire et principalement mise en œuvre par les agriculteurs qui pratiquent les SCV (Semis sous Couverts Végétaux permanents). Les principales réussites reposent sur le maintien d’un couvert vivant à base de légumineuses (luzerne, trèfle blanc, …). La mise au point récente d’une faucheuse interrangs sur céréales à paille, ainsi que les avancées en termes de guidage, permettant de réguler mécaniquement le couvert, conduisent au développement de couverts semi-permanents dans les cultures de céréales notamment biologiques (grands écartements, pas d’emploi du glyphosate).
Certaines cultures s’accommodent mal de la présence de couverts semi-permanents. C’est le cas du maïs (compétition lors de la levée, azote, eau) et, plus généralement, des cultures de printemps. D’autres sont plus souples avec des effets de compensation possible vis-à-vis de la concurrence. Ainsi, il est possible de maintenir des couverts vivants dans une succession colza/blé/orge d’hiver mais la réussite de la régulation du couvert est sensible sur les rendements. Par exemple, le couvert doit être régulé de façon à ne pas dépasser 1t MS/ha avant la floraison du blé. Deux périodes sont propices pour la régulation dans un blé : à l’automne au moment du semis du blé (techniques culturales, désherbant si autorisé) et en sortie d’hiver au moment où le blé entame sa montaison (herbicides).
La conduite de ces différentes catégories de couverts peut nécessiter certains agroéquipements. Ils concernent les techniques d’implantation, de régulation ou de destruction des couverts, mais aussi les techniques utilisées pour la culture de rente dès lors qu’il faut les adapter à la gestion des couverts :
- Semoirs pour les couverts, semoirs pour les cultures de rente si associées à une plante compagne (écartements, double trémie…), semoirs de semis direct (souvent multi-trémies)
- Rouleaux simples ou hacheurs
- Broyeurs en plein ou interrangs
- Scalpeurs
- Outils de travail du sol pour gérer une forte biomasse (broyeurs ou déchaumeurs à disques ou rouleaux hacheurs).
- Outils de guidage pour des semis précis