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Blé tendre
Maladies Ravageurs
Fiche
1

Décalage de la date de semis en blé tendre d’hiver

Pratiques agronomiques
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La solution

La mesure consiste à décaler la date de semis du blé de quelques semaines (par exemple le 25 octobre au lieu du 5 octobre), tout en restant dans les plages optimales conseillées régionalement par type de variété pour éviter un effet dépressif sur le rendement.

Fonctionnement ou mise en œuvre :

Dans une première approche, la réduction d’usage des produits phytopharmaceutiques sera estimée exclusivement en termes d’insecticides, l’économie potentielle en herbicides étant délicate si on considère que la mesure va surtout être mise en œuvre dans des situations qui ne sont plus gérées correctement et nécessitent une forte couverture herbicide.

Avantage de la solution sur les cibles :

  • Pucerons et cicadelles vecteurs de viroses (comme la Jaunisse Nanisante de l’Orge : JNO) : l’objectif est de réduire la concomitance entre les vols de pucerons ou de cicadelles et la période de plus forte sensibilité de la culture (premiers stades).
  • Adventices graminées : en décalant la date de semis à une période moins favorable à la germination des adventices, on réduit directement le nombre d’adventices présentes dans la culture et on peut aussi caler un faux semis supplémentaire, susceptible de réduire encore la pression. Le passage d’un outil détruit les levées et contribue à épuiser les graines en condition de germer dans l’horizon superficiel. Au moment du semis véritable, ce sera autant d’adventices qui auront été
    gérées en amont.
  • Maladies : le retard de la date de semis peut avoir un intérêt également pour réduire le risque de piétin échaudage, mais cette maladie ne fait pas l’objet de traitements en végétation et peut être gérée par la rotation.

Ainsi, la  mesure est surtout intéressante pour lutter contre les vecteurs potentiels de virus à l’automne, en l’absence d’autres alternatives que l’application de pyréthrinoïdes en végétation. Elle sera également utile dans les parcelles les plus infestées en graminées automnales devenues ingérables avec la seule application d’herbicides.

Le blé tendre est la première production végétale en France. La surface allouée à la culture du blé tendre oscille autour de  5 millions d’hectares, soit environ, 18 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française 1. Cette culture a un IFT moyen de l’ordre de 5,1 en 2021 2

D’une part, cet IFT devrait prochainement augmenter du fait de l’interdiction de l’imidaclopride qui était utilisé en traitement de semences (TS) sur près de 30 % des surfaces. Ce TS permettait de lutter essentiellement contre les insectes vecteurs de viroses présents à l’automne (pucerons et cicadelles). On estime que la substitution de ce TS par des traitements insecticides des parties aériennes (1 à 2 traitements) pourrait augmenter l’IFT moyen de 0.5 point au niveau national. Mais les difficultés de positionnement de l’insecticide pourraient accroitre cet écart si les premiers automnes sans imidaclopride s’avèrent très favorables aux pucerons. Par ailleurs, les retombées de l’absence de l’effet barrière de l’imidaclopride sur les premiers semis ne sont pas connues.

D’autre part, dans de nombreuses régions, on note l’augmentation des difficultés de gestion des adventices et en particulier des graminées, qui lèvent préférentiellement à l’automne (ray grass, vulpin). Dans les situations dégradées et notamment en situations de résistances, les peuplements peuvent atteindre des milliers de pieds de graminées à l’hectare. Pour atténuer l’impact de ces deux types de bioagresseurs, l’un des leviers consiste à retarder la date de semis de quelques semaines (d’une à trois semaines) dans une logique d’esquive.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel

Sans l’état des lieux final des pratiques, il est difficile d’évaluer précisément le niveau de réduction de l’IFT permis par un simple décalage du semis.

En se focalisant uniquement sur la lutte contre les pucerons et cicadelles, et en retenant un IFT insecticide moyen du blé tendre augmenté de 0,5 point dès la récolte 2019 compte tenu de l’interdiction de l’imidaclopride, on estime la réduction d’IFT à 0,3 en années classiques. Cette valeur tient compte de la réduction d’un point permise sur les exploitations qui utilisaient l’imidaclopride (30 %) et qui limiteront l’emploi de pyréthrinoïdes grâce à cette mesure, et de 0,25 point en moyenne sur les autres exploitations (70 %).

Les années particulièrement favorables aux pucerons (d’automne doux, favorable à une présence prolongée des ravageurs sur la culture avec de nouvelles arrivées et des conditions favorables à leur multiplication), l’IFT insecticide va croitre et on estime que la solution pourrait faire économiser 0.5 point d’IFT.

Surcoût et/ou gain de la solution

Il n’y a pas de surcoût si l’agriculteur suit les plages de semis conseillées.

En dehors de ces plages, il y a une prise de risque qui se traduit par des impacts économiques tels qu’une baisse de rendements ou une augmentation de la densité de semis.

Impact santé/organisation du travail/pénibilité

Santé : Il n’y pas d’impact sur la santé.

Organisation du travail/pénibilité : La mise en place de cette solution nécessite une organisation accrue des chantiers de semis liée au resserrement des dates de semis sur une période plus restreinte.
Le décalage du semis peut exposer à des situations de stress face à la crainte de ne plus pouvoir semer (incertitudes sur les jours disponibles) mais réduit la pénibilité d’une surveillance attentive et prolongée des ravageurs sur les parcelles.

 

Freins à lever et conditions de réussite

Déploiement de l’information : Il est nécessaire de relayer largement aux agriculteurs les références régionales sur les solutions donnant les meilleurs compromis.

  • Semences : Il est nécessaire de fournir aux agriculteurs un large éventail de  variétés. Les progrès en  génétique sont susceptibles de faciliter le déploiement de la technique.
  • Rendement : Pour faciliter la mise en place de la solution, dans les plages conseillées pour la variété choisie, les agriculteurs doivent avoir assez de jours disponibles pour réaliser les semis et les faux-semis, tout en maintenant des rendements satisfaisants.
  • Organisation du travail : Les agriculteurs doivent gérer efficacement les concurrences entre chantiers dans les exploitations à ratio UTH (Unité de Travail Humain) / SAU faible (récoltes maïs, betteraves, pommes de terre, destruction des couverts végétaux, surfaces à semer…). Cela peut passer par une amélioration de la productivité des chantiers.
  • Facteurs climatiques : Si on assiste à une succession d’années à automnes doux favorables aux pucerons et cicadelles, la mesure sera jugée inefficace (parce qu’insuffisante) contre ces cibles et son déploiement sera largement freiné.
  • Caractérisation des risques : Une meilleure connaissance des effets cumulatifs générés par des successions d’années à automnes doux favorables aux pucerons et cicadelles ou de l’incidence des autres facteurs climatiques sur le niveau de pression, une meilleure précision sur les sources de virus hors culture, la mise au point de tests rapides au champ pour qualifier la présence des virus, pourraient faciliter le déploiement de la solution
  • Facteurs biologiques : L’ évolution de l’agressivité des virus, l’augmentation des traitements en végétation et l’apparition possible de résistances aux pyréthrinoïdes, pourraient faciliter le déploiement de la solution.

Le déploiement est difficile à estimer en l’absence d’état des lieux des pratiques actuelles. Cela nécessite un dépouillement des dernières enquêtes du Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) sur variétés et dates de semis avec une comparaison aux plages conseillées.

On peut toutefois prévoir que cette technique sera largement déployée en combinaison avec une offre de variétés, de solutions de biocontrôle et de plantes de service étendues et le développement de l’information.

 

Indicateurs de déploiement :

Les indicateurs de déploiement sont, par région, pour un groupe de précocité variétale représentatif, les pourcentages de semis effectués dans la plage conseillée, les pourcentages effectués en début de plage et les pourcentages effectués en fin de plage. Par région, les dates de semis pourraient être visualisées sous forme d’histogramme.

Blé tendre d’hiver.