Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel
Cette solution associant des plantes de service (souci) et des punaises auxiliaires permet de réduire l’utilisation d’insecticides chimiques. Elle rend en outre plus abordable une solution de biocontrôle éprouvée.
En 2022, l’IFT total (hors biocontrôle) de tomate est de 5,4 12. La technique a permis d’arriver à un IFT d’un peu plus de 1 en 2017 et 2018 (source réseau FERME 13).
Cette baisse de 70 % de l’IFT insecticides s’explique aussi en partie par l’incompatibilité de certains insecticides avec les insectes auxiliaires favorisés (résultats réseau FERME 13).
Par ailleurs, les punaises du genre Macrolophus s’avèrent efficaces sur d’autres ravageurs notamment contre acariens et en partie contre la mineuse de la tomate Tuta absoluta.
Surcoût et/ou gain de la solution
Les graines de souci sont disponibles chez tous les fournisseurs de graines de fleurs.
Il est en outre facile de récupérer soi-même des graines sur les plants pour les futurs semis car les soucis grainent aisément et de nouveaux plants germent spontanément sous le pied mère. Il est donc possible, après arrachage ou fauchage des soucis, de relancer une bande fleurie, avec un ratissage et de l’arrosage.
Le risque d’envahissement d’une parcelle maraîchère par le souci est très faible car les outils de travail du sol le détruisent facilement. Les différentes couleurs entre orange et jaune des variétés de souci semblent être appréciées de façon équivalente par Macrolophus. Cependant des différences de vigueur ont été observées.
Les cultures de souci semées en poquet sont moins exigeantes en main d’œuvre et donc les moins couteuses : 0,11 euros/m², les cultures plantées sont plus exigeantes et les cultures en pots que l’on souhaite déplacer le sont encore plus : 0,3 euros/m². Les lâchers classiques de Macrolophus restent supérieurs en coût (intrants et main d’œuvre) : 0,42 euros/m² (données 2017).
Offrir le gite et le couvert permet de réduire les besoins d’achat de punaises du genre. En effet, l’achat de Macrolophus pygmaeus est relativement coûteux (environ 0,14€ HT /individu – référence 2017) et son installation est parfois lente et difficile. Les données acquises dans le projet COSYNUS indiquent que le coût d’un individu de Macrolophus élevé sur souci est 3 à 4 fois moins coûteux qu’un individu acheté. Les quantités importantes de Macrolophus sur souci permettent d’envisager des transferts actifs à forte dose et/ou répétés.
Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement
L’utilisation de souci nécessite une anticipation de conduite de sa culture pour le producteur. Il doit faire de la place, ne pas utiliser certains insecticides ou fongicides et irriguer. Il faut anticiper dès juin de l’année N (achat des graines, semis en juillet/aout) pour être opérationnel en mars/avril année N+1.
L’implantation de souci dans la serre est incompatible avec l’usage de la solarisation, qui engendre des températures trop importantes et peut provoquer la mort des soucis et des organismes qui y sont présent.
La constitution d’'une petite parcelle de souci loin des plantes cultivées simplifie la gestion, de la technique. Elle évite risque d’'effet secondaires dues aux produits phytosanitaires ou à la solarisation, la présence d’éventuels ravageurs peut être vérifiés avant d’y prélever des branches. L’éventuelle concurrence avec les cultures en places est annulée. Les délais de livraisons subis lors de commandes auprès de fournisseur d’auxiliaires sont supprimés offrant un gain de réactivité. Les Macrolophus ainsi introduits sont déjà acclimatés et habitués à la prédation.
Freins à lever et conditions de réussite
Il faut anticiper la mise en place du souci pour qu’il soit suffisamment développé à la fin de la culture d’été pour accueillir les populations de Macrolophus avant l’hiver. Pour assurer le recouvrement, l’idéal est d’installer le souci au moins un mois avant la fin de la culture d’été.
Il est important de contrôler la présence d’auxiliaires et de ravageurs sur les soucis. Quand les populations de Macrolophus sont faibles, des aleurodes peuvent se développer. Il faut alors les gérer, notamment par l’application de produit de biocontrôle compatibles avec les Macrolophus. Si Macrolophus est en quantité insuffisante, des lâchers peuvent être réalisés sur souci en automne, afin que les premières générations s’y multiplient de façon précoce. Le frappage des tiges au-dessus d’une feuille de papier blanc permet de faire tomber larves et adultes et de les compter.
Nesidiocoris tenuis 13 (anciennement appelé Cyrtopeltis tenuis), punaise cousine de Macrolophus, peut provoquer des dégâts sur tomate quand elle est trop présente dans la culture, avec une insuffisance de proies pour couvrir ses besoins alimentaires. Nesidiocoris peut se réfugier sur souci à l’automne. Par contre, pendant l’hiver, ses populations sur souci régressent naturellement sous abris froids (contrairement aux serres chauffées) au bénéfice de Macrolophus, qui semble plus adapté aux températures basses.
Certains produits de traitement ont un effet délétère sur Macrolophus. Ceux réalisés sur cultures d’hiver, notamment anti-pucerons et anti-chenilles principalement mais aussi certains anti-fongiques, doivent être particulièrement réfléchis dans les tunnels hébergeant des soucis et des Macrolophus. Le choix doit s’orienter sur une gestion basée sur la lutte biologique (lâcher de chrysopes) ou des produits à toxicité réduite, ou bien implanter les soucis dans une serre non cultivée ou non traitée. L’oïdium souvent observé sur souci est spécifique de cette plante. Il ne peut être transmis aux plantes cultivées.