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Pomme de terre
Autre
Fiche
60

Alternatives limitant le recours au défanage chimique de la pomme de terre

AgroéquipementPratiques agronomiques
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La solution

Afin de répondre aux enjeux environnementaux et réglementaires liés à la réduction des produits phytopharmaceutiques en culture de pomme de terre, plusieurs alternatives au défanage chimique ont été développées ou réévaluées.

Présentation des solutions, mode d’action et application 

Plusieurs types de matériel permettent la mise en œuvre d’alternatives au défanage chimique :

  • Broyage mécanique des fanes à l’aide de broyeurs adaptés à la culture, et à la plantation en buttes ou billons. Cette technique sectionne les tiges et détruit physiquement le feuillage, favorisant le dessèchement naturel progressif des parties aériennes.
  • Broyage mécanique des fanes combiné à l’application localisée d’un défanant grâce à l’intégration d’un équipement de pulvérisation spécialisé (cuve de traitement + rampe de buses arrière) pour réaliser broyage et traitement complémentaire localisé en un seul passage. A noter que cette technique est remise en cause après l’interdiction du dernier défanant, les dessicants restants nécessitant une application différée 24 à 48h après le broyage pour une meilleure efficacité
  • Broyage mécanique des fanes combiné à l’application d’acide pélargonique (ou acide nonanoïque), dessicant et substance naturelle d’origine végétale. Il s’agit d’un produit de contact utilisable depuis 2015. Il agit en déstructurant la cuticule, ce qui rend les cellules perméables et entraine une déshydratation quasi immédiate des tissus. L’effet est visible dans les deux heures qui suivent l'application lorsque celle-ci est faite par temps sec 1.
  • Arrachage mécanique des fanes complété par un dispositif de type coupe racines. Cette technique élimine les fanes en les extrayant du sol, ce qui accélère leur dessèchement et facilite la récolte.
  • Défanage thermique avec utilisation du gaz naturel, du fioul ou d’huile végétale. Cette technique provoque un choc thermique destructeur sur les feuilles et les tiges, entraînant leur dessèchement rapide.
  • Défanage électrique (en cours d’étude de faisabilité). Cette technique consiste à faire passer des impulsions électriques à travers la plante, provoquant la rupture des cellules et leur dessiccation progressive.

 

Certaines de ces techniques existaient déjà avant l’avènement des produits défanants-dessicants mais ont récemment évolué vers plus de technicité pour améliorer leur précision de travail, leur débit de chantier et leur fiabilité et ainsi les rendre utilisables à plus grande échelle.

 

Pour l’acide pélargonique : formulation, dose homologuée, nombre d’application maximal, Intervalle minimum entre applications, Délai Avant Récolte (DAR) et Délai de Rentrée (DRE) 2 

Il conviendra de protéger la préparation du gel.

 

Utilisable en Agriculture Biologique (UAB) et Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP) 

D’un point de vue réglementaire, l’acide pélargonique figure sur la liste des produits de biocontrôle 3. Cette solution n’est pas UAB mais est éligible au CEPP (fiche action n°2017-020 « Diminuer l’usage d’herbicides conventionnels au moyen d’un herbicide défanant et dessicant de biocontrôle »  1).

Pour l’instant il n’existe pas de fiche CEPP pour les équipements destinés au défanage des pommes de terre.

 

La surface allouée à la pomme de terre oscille entre 150 000 et 200 000 hectares, soit environ 0,7 % de la Surface Agricole Utile (SAU) française. Avec près de 7 millions de tonnes de pommes de terre produites, la France en est le deuxième producteur de l'Union européenne et le huitième producteur mondial 4 5. La pomme de terre est une culture qui demande de nombreux traitements phytosanitaires. En 2021, l’Indice de Fréquence de Traitements (IFT) total avec traitements de semences était de 19,8 6.

 

Le défanage a pour objectif la destruction complète et rapide de la végétation pour contrôler le calibre, maîtriser la qualité des tubercules de pomme de terre, limiter les contaminations de pathogènes et ravageurs et faciliter les opérations de récolte. Il permet d’arrêter le grossissement des tubercules et de renforcer l’adhésion de l’épiderme essentiel à leur bonne conservation ultérieure en stockage. C’est l’une des opérations culturales qui permet de répondre aux attentes de l’aval et des cahiers des charges, et donc de limiter les pertes éventuelles (gaspillage).

Le défanage « 100% chimique » est actuellement la méthode encore la plus répandue. Il est le plus souvent réalisé en un ou deux passages pour les pommes de terre de consommation. Le nombre de passage peut être plus important, notamment pour la production de plants défanés avant maturité pour éviter les contaminations virales et optimiser les calibres. Dans un contexte de réduction des IFT et de disparition des produits à action défanante – dessicante, le recours à des agroéquipements spécialisés peut être mis en avant pour proposer des alternatives totales ou partielles à l’emploi exclusif de produits phytopharmaceutiques. En cas de solution partielle, leur utilisation doit permettre de chercher à privilégier des produits de biocontrôle à action dessicante en complément.

Le contexte est particulièrement favorable aux techniques de défanage alternatif et d’utilisation du biocontrôle :

  • Retrait réglementaire des produits phytopharmaceutiques « classiques » de type défanants-dessicants ;
  • Diversification de l’offre en produit de biocontrôle à action dessicante qui permettra d’envisager une diminution du prix des produits à base d’acide pélargonique. Il s’agit de la seule substance de biocontrôle actuellement autorisée pour le défanage de la pomme de terre, et qui s’utilise en complément d’un broyage de fanes dans la majorité des situations ;
  • Avancées technologiques des agroéquipements concernés (précision de travail, débit de chantier, optimisation des techniques comme le défanage électrique, …) ;
  • Développement des surfaces produites en Agriculture Biologique ou sous cahier des charges spécifiques (zéro résidu).

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel 

Le défanage mécanique est une stratégie qui permet de réduire l’usage des défanants permettant une économie de 1 à 2 interventions chimiques soit une réduction de l’IFT entre  1 et 2 suivant les produits utilisés, voire dans certaines conditions de s’en passer totalement (cas de l’arrachage de fanes ou du défanage thermique par exemple). En production de plants toutefois, les repousses exigent le plus souvent de ré-intervenir après l’intervention mécanique.

Surcoût et/ou gain de la solution 

L’investissement en équipements spécifiques induit un accroissement des charges de mécanisation affectées au coût de production. Ceci incite à rechercher une optimisation des surfaces travaillées avec ces matériels, au besoin par les solutions de partage (achat groupé, CUMA, CoFarming, …).

L’impact énergétique peut également ne pas être neutre du fait d’une utilisation accrue des moyens de traction ou du fait même de la technologie mise en œuvre (défanage thermique).

Le coût des produits de biocontrôle est beaucoup plus important que les dessicants conventionnels et conduit au faible développement de ce type de solution pour l’instant.

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement 

L’emploi d’agroéquipements induit des risques d’accidents mécaniques pour les opérateurs aux différentes étapes de leur mise en œuvre : attelage / dételage, fonctionnement, nettoyage, réparation, ….

Les débits de chantiers réduits peuvent obliger à repenser l’organisation de cette opération culturale afin de pouvoir assurer le défanage des surfaces de l’exploitation dans un créneau de temps déterminé afin de maîtriser au mieux l’évolution de la qualité des tubercules.

Freins à lever et conditions de réussite 

  • Débit de chantier :Le débit de chantier est réduit pour les techniques de défanage mécanique par rapport au défanage chimique même si des améliorations ont eu lieu ces dernières années comme une largeur de broyage plus importante par exemple .
  • Conditions climatiques : Une météo pluvieuse sur une longue période, et des conditions de sol trop humides peuvent rendre difficile l’intervention de certains matériels.

Avec le biocontrôle, comme pour tous les produits phytopharmaceutiques, risque d’un marquage de l’anneau vasculaire dans les tubercules lors de fortes chaleurs.

Lors d’une année pluvieuse, il existe un risque de lenticellose, agrandissement des lenticelles sur les tubercules qui déprécie l’aspect de la récolte et favorise la pénétration d’agents de pourriture 11. Ces dégâts sont moins faciles à maîtriser avec les interventions mécaniques.

  • Coût : L’achat d’outils spécifiques ne peuvent être amortis que sur la culture de pomme de terre. Les solutions de biocontrôle ont un coût plus important que les produits phytopharmaceutiques conventionnels.
  • Efficacité variable: Selon l’équipement utilisé, le développement foliaire de la variété, les conditions climatiques et l’état de sénescence naturelle au moment du défanage mécanique, on peut assister à des reprises de végétation qui doivent être contrôlées par un complément chimique ou de biocontrôle.
  • Qualité des tubercules: selon l’équipement et les conditions d’intervention, les matériels peuvent affecter la stabilité des buttes et accroître de risque de verdissement des tubercules en fonction de la qualité du buttage. Si la végétation est affectée par certaines maladies (mildiou ou maladie bactérienne de la jambe noire), le broyage peut favoriser la dissémination des agents pathogènes et compromettre la qualité des tubercules récoltés.

Concernant les techniques physiques, leur déploiement est encore modéré, avec cependant une certaine disparité selon le débouché de la production (frais, industrie, fécule, plants). On constate cependant une progression constante du recours au broyage en particulier au travers des résultats des ENQUETE SSP : Broyage à 6 % des surfaces concernées en 2011 contre 22 % en 2014, voire 40% en production de plants. Le recours à ces techniques est toutefois obligatoire lorsque la production se fait dans le cadre de l’Agriculture Biologique qui connait une progression certaine depuis plusieurs années. Le développement de ce secteur devrait se poursuivre notamment pour les débouchés industriels.

Concernant le biocontrôle, il reste confidentiel en raison de son niveau d’efficacité (maîtrise encore irrégulière) et de son coût élevé.

Le déploiement de ces techniques devrait se poursuivre dans les années à venir après l’arrêt du glufosinate ammonium et du diquat, notamment le broyage, qui peut souvent constituer un premier passage avant la mise en œuvre d’une technique complémentaire, y compris chimique à dose réduite. Le développement attendu également des démarches bio pour les productions industrielles devrait également y contribuer.

On peut estimer le déploiement raisonnablement à au moins 50% des surfaces d'ici 2030.

 

Indicateurs de déploiement :

  • Achat des différents types d’agroéquipements impliqués et/ou enquêtes SSP Agreste « Pratiques culturales en grandes cultures » ou « Pratiques phytosanitaires sur les grandes cultures » pour le biocontrôle 8 9 10 6.
  • Fiche de traçabilité des partenaires filières.
  • HVE3 sur le volet phytosanitaire et méthodes alternatives.
  • Quantité d’acide pélargonique vendue.
  • Nombre de CEPP obtenus.

Pommes de terre (consommation marché du frais et industrie, fécule, plants), en agriculture conventionnelle et en agriculture biologique.

Les produits commerciaux homologués contenant de l’acide pélargonique sont disponibles sur le site Ephy de l’Anses : https://ephy.anses.fr/substance/fatty-acids-c7-to-c20.

Fiche accident de la pomme de terre (DiagPOT) - https://www.umt-innoplant.fr/Actualites/diagpot et https://ephytia.inra.fr/fr/P/121/Pomme_de_terre

 

Acide pélargonique :

Article d’Arvalis dans Perspectives agricoles n°458 (septembre 2018) « Pomme de terre de conservation : un acide gras pour défaner » - https://ecophytopic.fr/pic/proteger/pomme-de-terre-de-conservation-un-acide-gras-pour-defaner-0

 

Défanage électrique :

 

Défanage :

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Diminuer l’usage d’herbicides conventionnels au moyen d’un herbicide défanant et dessicant de biocontrôle | Ecophytopic. ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/diminuer-lusage-dherbicides-conventionnels-au-moyen-dun-herbicide-defanant-et.
  2. acide gras C7 à C20 | ephy. Ephy-Anses https://ephy.anses.fr/substance/fatty-acids-c7-to-c20.
  3. Liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle, au titre des articles L.253-5 et L.253-7 du code rural et de la pêche maritime. https://ecophytopic.fr/sites/default/files/2024-09/Liste_biocontrole_2024-537.pdf.
  4. La France est le 2ème producteur d’Europe de l’Ouest. CNIPT https://www.cnipt.fr/marches-et-etudes/production/.
  5. La pomme de terre et ses variétés. Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire https://agriculture.gouv.fr/la-pomme-de-terre-et-ses-varietes.
  6. Enquête Pratiques culturales en grandes cultures 2021 - IFT et nombre de traitements|Agreste, la statistique agricole. Agreste, la statistique agricole https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Chd2407/detail/.
  7. BNVD TRAÇABILITÉ. BNV-D traçabilité https://ventes-produits-phytopharmaceutiques.eaufrance.fr/search?filetype=Ventes.
  8. Enquête Pratiques culturales 2011 - Grandes cultures et prairies|Agreste, la statistique agricole. Agreste, la statistique agricole https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/dos21/detail/.
  9. Enquête Pratiques phytosanitaires sur les grandes cultures 2014 - Nombre de traitements et indicateurs de fréquence de traitement|Agreste, la statistique agricole. Agreste, la statistique agricole https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Dos36/detail/.
  10. Pratiques culturales en grandes cultures 2017 : IFT et nombre de traitements|Agreste, la statistique agricole. Agreste, la statistique agricole https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/Chd1903/detail/.
  11. Pomme de terre - Excès d’eau. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/21106/Pomme-de-terre-Exces-d-eau.