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Brassicacées légumières
Ravageurs
Fiche
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Application de la stratégie push-pull en production de brassicacées légumières pour lutter contre Delia radicum

Pratiques agronomiques
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La solution

Fonctionnement

La technique consiste d’une part à entourer la parcelle cultivée avec une plante qui attire le ravageur (composante pull : attraction), et d’autre part à placer dans la culture (chou) des plantes compagnes ou des diffuseurs qui émettent des odeurs répulsives pour le ravageur (composante push : répulsion).

L’Université de Rennes 1 a mis en évidence l’effet de l’eucalyptol comme composé capable de repousser le ravageur (push), de diminuer le niveau des pontes sur les plants de chou et donc de diminuer l’infestation finale sur la culture. Le chou chinois présente un intérêt notable comme composante pull  en  attirant  une plus grande diversité d’auxiliaires et d’autres ravageurs du chou. Cependant, les travaux de thèse de Fabrice Lamy 1 ont montré l’importance d’aller plus loin sur le choix des espèces de chou chinois voire des variétés au sein d’une espèce. Par ailleurs, la disposition parcellaire de la culture pull est à affiner pour gagner en efficacité puisque l’effet diminue à l’éloignement à la source. Il ressort de ces travaux expérimentaux qu’une stratégie de type push-pull combinant émission de composés volatils et plantes pièges serait envisageable contre la mouche du chou. La mise au point et le test de l’efficacité dans la diversité des conditions de plein champ sont en cours.

La culture des brassicacées est importante en France. Cette famille de plantes comprend notamment le chou-fleur (13 000 ha et 180 000 t en 2025  2 second légume après la pomme de terre en surfaces), le chou brocoli, le chou vert et rouge, le chou à choucroute, le chou de Bruxelles, le chou chinois, le navet, le radis, la roquette, … Ces cultures représentent un enjeu économique fort dans certaines régions, notamment en Bretagne, en Alsace, en région parisienne et dans les Hauts de France.

La mouche Delia radicum 3 (diptère) est le principal ravageur. Elle attaque au stade plantule ? La femelle pond au niveau du collet. Les larves s’enfoncent dans le sol et pénètrent dans les racines du plant où elles se développent . La nymphose a lieu dans le sol. Les blessures occasionnées dans les racines servent de portes d'entrées à des pathogènes et des insectes saprophages. Suivant les régions, 3 à 4 générations par an sont observées.

D. radicum peut détruire la culture entière si aucune méthode de contrôle n’est appliquée. Le cortège d’ennemis naturels est important mais leur action est souvent insuffisante par rapport à la pression de ce bio-agresseur. Si les choux à inflorescences et pommés ont quelques solutions, cela est nettement moins vrai pour les choux chinois particulièrement attractifs de ce ravageur, les navets et les radis.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel 

Il n’y a pas assez d’éléments pour donner un niveau de réduction.
Le niveau de réduction pourra dépendre de la capacité à protéger des surfaces en exploitation commerciale ainsi que de la capacité à atteindre des seuils de contrôle du ravageur compatibles avec les exigences de marché et seuil de rentabilité.

Surcoût et/ou gain de la solution 

Il faut trouver un équilibre agroécologique  pour aboutir à une absence de traitement phytosanitaire.

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement 

La mise en œuvre de stratégies push-pull réduit la pénibilité du travail et les risques pour la santé en limitant le recours aux insecticides.

En revanche, dans les cas où des plantes compagnes sont utilisées pour repousser le ravageur, ce genre de stratégie exige de revoir l’organisation du travail voire de modifier les marchés dans les cas où une plante compagne commercialisable est utilisée.

L’impact sur la conduite des cultures (irrigation, gestion des chantiers de récolte,…) doit être également évalué.

Freins à lever et conditions de réussite 

Il convient également de prendre en compte la disposition des cultures sur la parcelle, voire à l’échelle du paysage/territoire afin d’atteindre cet équilibre agroécologique favorable à l’équilibre ravageur/auxiliaire.

L’élaboration de stratégies push-pull nécessite en préalable des travaux d’olfactométrie afin d’identifier clairement l’effet des molécules émises par certaines plantes et/ou de molécules de synthèse sur le comportement du ravageur ciblé (répulsion, attraction, évitement, inhibition ou disruption). Pour cela, des olfactomètres classiques peuvent être utilisés (ex. : olfactomètre en Y ou tunnels de vol) mais des outils innovants peuvent aussi être mis au point afin au de palier les limites rencontrés avec ces dispositifs.

Les stratégies push-pull ne peuvent fonctionner que si la diffusion des odeurs émises par les plantes compagnes ou par les diffuseurs est homogène dans la parcelle cultivée, au moins pendant la période où la culture doit être protégée. Cela dépend notamment des conditions climatiques (température et pression de vapeur).

Dans le cas où les odeurs répulsives pour le ravageur sont diffusées via l’utilisation de diffuseurs (molécules de synthèse) et non produites par des plantes compagnes (molécules odorantes émises par les plantes), il faut anticiper les problèmes d’homologation des composés volatils et intégrer l’impact de leur obtention.

Les premiers travaux menés sur le sujet suggèrent que les plantes compagnes ou les diffuseurs émettant des odeurs répulsives pour le ravageur doivent être situés à proximité directe des plantes cultivées. Dans les cas où des plantes compagnes sont utilisées pour repousser le ravageur, l’association de cultures (mélange de la plante cultivée et de la plante compagne dans la même parcelle) serait donc l’idéal, mais cela nécessite de repenser les chantiers de semis/plantation ainsi que la gestion des adventices, l’irrigation et la fertilisation azotée.
Pour que la stratégie fonctionne, il faut d’une part que la plante-piège soit beaucoup plus attractive pour le ravageur ciblé que la plante cultivée et d’autre part que le ravageur soit détruit (mécaniquement, chimiquement ou biologiquement lorsqu’il est bien installé sur la plante-piège.

La mise en place de cette méthode demandera la reconception des systèmes de production par l’introduction d’espèces végétales différentes et la reconfiguration des parcelles (perte de rendement due aux surfaces utilisées pour implanter le chou chinois). Il est nécessaire de maitriser la « co-culture » chou/chou chinois (composante pull). La culture piège étant très tolérante aux attaques de la mouche il est envisageable d’en imaginer une valorisation économique dans certaines conditions.
Il sera nécessaire de combiner cette technique avec d’autres leviers : matériel végétal, obstacles physiques (filets) et pratiques culturales pour gagner en efficacité.

Le déploiement de cette solution n’est actuellement pas mesuré.

 

Indicateur de déploiement :

  • Nombre de tests mis en place.
  • Nombre d’hectares de brassicacées légumières protégées avec cette solution.

Les filières concernées sont principalement celles du chou, du navet et du radis, avec une extension envisageable à d’autres cultures affectées par différentes espèces de mouches ravageuses. Cela impliquerait des travaux de recherche complémentaires sur des cultures telles que la carotte, le céleri-rave, l’oignon ou le poireau.

Sur la stratégie Push-Pull :

  • Fiches GECO

« Combiner plantes pièges et plantes répulsives : stratégie "push-pull" » - https://geco.ecophytopic.fr/web/guest/concept/-s/concept/voir/http%253A%252F%252Fwww%252Egeco%252Eecophytopic%252Efr%252Fgeco%252FConcept%252FCombiner_Plantes_Pieges_Et_Plantes_Repulsives_%253A_Strategie__Push-pull

Sur la stratégie Push-Pull pour les brassicacées légumières :

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Lamy, F. Comprendre et manipuler la communication entre les plantes et les insectes pour protéger les cultures : vers l’élaboration d’une stratégie « Push-Pull » pour lutter contre la mouche du chou (Delia radicum). (Rennes 1, 2016).
  2. Chou-fleur. Une production de choux-fleurs en recul sur la campagne 2024-2025|Agreste, la statistique agricole. https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/disaron/IraLeg2563/detail/.
  3. Delia radicum. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/11663/Hypp-encyclopedie-en-protection-des-plantes-Delia-radicum.