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Vigne
Maladies
Fiche
83

Les variétés de vigne résistantes au mildiou et à l’oïdium

Amélioration des plantes
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La solution

Figurent au Catalogue Officiel 21 anciens hybrides de cuve dont 2 sont réservés à la distillation (Baco blanc et Vidal blanc). Ces variétés, aussi appelées Hybrides Producteurs Directs (HPD) ont été obtenues à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, en réponse à l’arrivée dans les années 1860 en Europe de bois et de plants d’origine américaine porteurs de l’oïdium, du mildiou et du phylloxera. Ces variétés sont considérées comme tolérantes, ne nécessitant que peu d’interventions phytosanitaires mais elles sont de qualité globalement très moyenne (jugées parfois trop acides, tanins durs, arômes superficiels …), et d’un point de vue réglementaire, ne permettent de produire que des vins de France (ex. vins de table), à l'exception notable du Baco blanc, inclus dans l'AOP Armagnac, mais dont le vin est distillé et non consommé tel quel. Le Vidal blanc est également en expérimentation à Cognac (VIFA). Néanmoins leur utilisation permet d’envisager une réduction de l’usage des produits fongicides.

Plus récemment se sont développés des programmes d’hybridation interspécifiques. Ces programmes ont généré l’obtention de variétés, dont 16 sont classées aujourd’hui en France. Le classement permet la vinification et la commercialisation des vins.

Il est clair que la forte proportion d’appellations d’origine ainsi que le succès mondial des vins français à partir des cépages emblématiques historiques ont sans doute été un frein aux initiatives de création variétale en France. Ce n’est qu’en 1974 que les travaux ont été repris par l’INRAE, en l’occurrence par Alain Bouquet.

Ces variétés ont été sélectionnées pour être plus « qualitatives » que les anciens hybrides. Cependant, la grande majorité ne contiennent qu’un facteur (ou gène) de résistance. Or les populations de mildiou et d’oïdium s’adaptent et des cas de contournement de la résistance ont été recensés chez ce type de variété. Dans ce cas, la variété se comporte comme une variété sensible malgré la présence de ses résistances qui ne reconnaissent plus le pathogène.

Ainsi en France, au début des années 2000, l’INRAE a relancé des travaux s’appuyant d’un côté sur les recherches d’Alain Bouquet et d’un autre côté sur les variétés obtenues en Allemagne. Ces travaux sont conduits selon les mêmes méthodes d’hybridation classique que celles utilisées au 19ème siècle pour l’obtention des HPD (programme INRAE-ResDur pour ‘résistance durable’). 4 variétés à résistance polygénique car contenant 2 facteurs de résistance majeurs au mildiou et également 2 facteurs de résistance à l’oïdium, ont été autorisées à la culture en France en 2018. L’objectif est d’avancer toujours vers des vins qualitatifs mais aussi de garantir « une résistance durable ».

Ces innovations doivent permettre de réduire significativement les traitements et de proposer des vins de qualité. En ce qui concerne les variétés Resdur, l’INRAE et l’IFV recommandent toutefois un nombre minimum d’interventions pour protéger durablement l’efficacité des facteurs de résistances et empêcher le développement de maladies fongiques qui ne sont pas la cible des gènes de résistance (ex. Black rot), 2 en moyenne mais cela pourra varier en fonction des conditions pédoclimatiques.

Actuellement d’autres variétés résistantes sont en cours d’évaluation en vue d’une prochaine inscription au Catalogue officiel (voir Dynamique d’inscription).

Le mildiou (Plasmopara viticola) de la vigne et l’oïdium de la vigne (Erisyphe necator) sont les principales maladies fongiques de la vigne. Elles peuvent entraîner des pertes importantes de récolte, avoir un impact sur la qualité des vins et sur la durée, être responsables de l’affaiblissement des ceps. Les épidémies de mildiou, en particulier, sont potentiellement fulgurantes et caractérisées par la présence de foyers primaires dans les parcelles pouvant s’étendre très rapidement.

Pour la filière viticole, la lutte fongicide représente à elle seule 80% des traitements réalisés. La méthode de lutte contre les maladies fongiques, essentiellement préventive, explique en partie un recours très large à des traitements systématiques d’assurance. Une des voies pour réduire l’utilisation de produits fongicides consiste à recourir à l’utilisation de variétés portant des gènes de résistance au mildiou et à l’oïdium.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel 

L’observatoire du déploiement des  variétés résistantes OSCAR (http://observatoire-cepages-resistants.fr/) piloté par l’INRAE et auquel l’IFV est associé, indique une baisse très importante des intrants fongicides (-85%) sur les parcelles utilisant des variétés résistantes.

Surcoût et/ou gain de la solution 

La réduction du nombre de traitements a un impact bénéfique sur le coût de production.

Les réductions des coûts peuvent être estimées à :

  • -500€/ha/an coût produit
  • -170€/ha/an traction et main d’œuvre
  • -140€/ha/an amortissement pulvérisateur

Impact santé / organisation du travail / pénibilité / environnement 

L’utilisation des variétés résistantes réduira le nombre de passage pour appliquer des produits phytosanitaires et donc évitera aux vignerons et au proche environnement d’être exposés à ces substances. Les travaux de conduite au vignoble seront les mêmes qu’en utilisant une variété classique sensible.

Freins à lever et conditions de réussite 

L’acceptabilité de ces variétés est un point majeur à différents niveaux :

  • D’une part, les viticulteurs attendent que la preuve soit faite de la qualité des vins produits dans les différents terroirs. En cela, les vinifications en petit volume sont essentielles pour accompagner cette acceptabilité car la qualité finale des vins en comparaison à des vins produits avec des cépages historiques peut aussi être un frein à la décision de faire évoluer son encépagement.
  • D’autre part, il faudra convaincre les consommateurs en bout de chaine que ces nouvelles variétés sont un plus sanitaire, environnemental, économique et organoleptique.

Enfin, l’insuffisante disponibilité en matériel végétal pour les pépiniéristes constitue un frein au déploiement de ces variétés. En ce qui concerne les variétés d’origine étrangère, parfois protégées, ou jusqu’à présent très peu multipliées, il est incontestable que leur diffusion sera limitée en France si les pépiniéristes français n’y ont pas largement accès. Pour les variétés obtenues par l’Inrae, la filière se met en place et plusieurs dizaines d’hectares sont d’ores et déjà été plantés en vignes mères.

A plus long terme, le déploiement des variétés résistantes nécessitera la mise en place de programmes de création variétale, en lien avec les interprofessions et la mise en place de réseau de parcelle d’essai pour évaluer l’intérêt de nouvelles variétés résistantes.

A la sortie de la seconde guerre mondiale et jusqu’en 1958, les HPD représentaient en France plus de 400 000 ha. Aujourd’hui, on peut estimer à 6000 ha les surfaces plantées avec ces variétés, tous hybrides confondus. Pour les variétés résistantes d’obtention et de classement récents, l’engouement est réel et on peut estimer que d’ores et déjà plus de 3000  ha sont plantés en France (dont 1000 ha de Souvignier gris).

Les cahiers des charges en Indication Géographique Protégée (IGP) et Vins Sans Indication Géographique (VSIG) évoluent régulièrement depuis 2019, avec un nombre de variétés variable, de 2 à 5 selon les régions. Ces variétés résistantes sont soit d’origine étrangère soit d’origine française. Pour la production de vins de France, il suffit que la variété soit classée pour produire et commercialiser du vin.

La dynamique est forte et des programmes de création variétale sont en cours avec comme livrables de nouvelles variétés proposées à l’inscription et au classement régulièrement dans les 20 prochaines années. Il y a déjà 8 variétés RESDUR 2 inscrites et classées : Coliris N, Lilaro N, Sirano N, Selenor B, Opalor B, Calys N, Exelys B, Artys B.

Le plus grand changement à moyen et long terme viendra des programmes de création variétale en collaboration entre l’IFV, l’INRAE et les interprofessions des différentes régions viticoles, dans lesquels nous croisons les variétés emblématiques de ces régions avec des variétés dites « donneuses de résistance ». Ces programmes sont bien avancés avec près de 2500 génotypes candidats installés en région. Tous les « stades 2 » des différents programmes sont déjà implantés. Les premières sorties variétales sont attendues après 2030.

La réglementation européenne des AOP a évolué depuis 2022, en intégrant progressivement des variétés résistantes récemment classées dans leur cahier des charges, ce qui permet un déploiement plus important de ces solutions. Il reste cependant les conditions d'entrée des variétés en AOP et ceci est un autre challenge qui ne dépend plus de leur nature hybride mais a minima de leurs qualités intrinsèques.

Dans un premier temps, ces nouveaux vignobles pourront trouver leur place à proximité des zones habitées en ce qui concerne les variétés résistantes. Mais l’évolution du cahier des charges des appellations est une démarche forcément lente au cours de laquelle les nouvelles variétés auront dû apporter la preuve de leur intérêt : maintien de la qualité et de la typicité des vins produits.

 

Indicateurs de déploiement  :

  • La dynamique d’inscription de variétés résistances au catalogue : Nombre de variétés candidates testées au vignoble et en vinification.
  • La dynamique de plantation de vignes mères (surface de multiplication en vignes mères).Le nombre d’hectare implantés en variétés résistantes.
  • Le nombre de variétés résistantes introduites dans des cahiers des charges (IGP et AOP (VIFA)).

Vigne.