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Mangue
Ravageurs
Fiche
49

Gestion de la mouche des fruits en production de mangue

BiocontrôlePratiques agronomiques
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La solution

La solution proposée vise à combiner plusieurs méthodes de biocontrôle, afin de cibler l’ensemble des espèces de mouches des fruits néfastes aux productions fruitières. En effet, les méthodes de lutte utilisées séparément n’ont qu’une efficacité partielle.

Mode d’action application et formulation :

Les méthodes de biocontrôle utilisées en combinaison sont :

  • Le traitement par taches est réalisé avec une préparation composée d’un attractif alimentaire et d’une molécule insecticide (spinosad). Ce dernier est appliqué sur la canopée à raison de taches d’environ 1m².
  • Le piégeage de masse autorisé actuellement (produits à base de deltaméthrine, hydrochlorure de triméthylamine et acétate d’ammonium ne vise que les espèces Ceratitis capitata et Ceratitis quilicii. Les pièges contiennent un attractif spécifique à ces espèces et le couvercle est couvert, sur la partie interne, d’une molécule insecticide tuant les mouches et les empêchant donc de ressortir (système ATTRACT AND KILL). Même si ces pièges ne visent que deux espèces, ils ont l’avantage de piéger les mâles et femelles de mouches.

La levure de Torula ou le phosphate diammonique ont également montré leur efficacité pour le piégeage d’autres espèces de mouches telles que Bactocera dorsalis mâles et femelles.  Ces attractifs se présentent sous la forme de poudre ou pastilles à diluer dans l’eau.

Il existe également des attractants à base de trimedlure contre les males de Ceratitis capitata contenues dans des sachets et à base de méthyl eugenol contre Bactrocera dorsalis contenues dans des eppendorfs. Ces attractants sont déposés dans des pièges avec un liquide insecticide inodore.

  • L’application d’une barrière minérale physique à base de kaolinite calcinée (dérogation 120 jours) est préconisée sur fruits verts ayant atteint leur taille finale. L’objectif est de créer une barrière physique de couleur à la surface des fruits pour désorienter les mouches et créer une surface non propice à la ponte. La solution se présente sous forme de poudre mouillable.
  • L’augmentorium est une structure fermée ressemblant à une tente. Il a une vocation prophylactique. Le producteur y dépose les fruits infestés. L’outil empêche ainsi la ré-infestation de la culture par une nouvelle génération d’adultes de mouches qui émergent dans l’augmentorium, alors qu’un filet à la maille adaptée, placé sur le toit de l’augmentorium, permet aux parasitoïdes des mouches de s’échapper et de coloniser à nouveau les parcelles cultivées.

Utilisable en Agriculture Biologique (UAB) et Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires (CEPP) :

Malgré son absence sur le territoire métropolitain, la mangue est une culture emblématique des DROM (Départements et Régions d’Outre-Mer) français : la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique. En fonction des années, ces trois îles en produisent près de 4 500 tonnes 4.

La mangue est soumise à de nombreux bioagresseurs nécessitant une protection phytosanitaire.En 2012, son IFT (Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires) était compris entre 20 et 25. Deux tiers de ces traitements sont des insecticides et un tiers des fongicides 5. Aujourd’hui, cet IFT a nettement diminué et est compris entre 10 et 15.

Les mouches des fruits et des légumes (Diptères – Tephritidae) se caractérisent par des taches jaunes, brunes ou noires 6 et représentent un des problèmes majeurs dans les milieux tropicaux sur la majorité des espèces fruitières et légumières.Les dégâts au champ sont très variables selon la culture, les variétés, le lieu et la période, mais les pertes peuvent concerner la totalité de la production.

Les dégâts sont occasionnés par les larves qui se nourrissent de la pulpe du fruit. On remarque alors un affaissement des tissus, des coulures et des lésions sur le fruit. Celui-ci a tendance à mûrir plus vite et à chuter précocement. Ces dégâts sont également une porte d’entrée aux bioagresseurs secondaires comme les pourritures (bactériennes ou fongiques) ou autres insectes ravageurs (drosophiles…). Les fruits sont alors non commercialisables.

Dix espèces de mouches des fruits et des légumes sont recensées à La Réunion et trois s'attaquent plus particulièrement aux mangues : Ceratitis capitata 7, Ceratitis quilicii  8 et Bactrocera dorsalis 9. Cette dernière espèce de mouche a été détectée sur l’île de la Réunion en 2017. Elle possède une gamme d’hôtes très large (plus de 300 plantes hôtes connues) et peut s’attaquer aux fruits qu’ils soient matures ou immatures, notamment les mangues. Concernant cette culture, selon les secteurs et les variétés, les pertes peuvent atteindre 90 % de la production. Certaines variétés sont plus impactées telles que les plus précoces, les plus tardives ou les plus colorées.

En conditions tropicales, grâce à un climat clément et à la régularité de fructification des différentes plantes hôtes, les populations de mouches des fruits peuvent se maintenir toute l’année.

Niveau de réduction d’utilisation et/ou d’impact potentiel

L’utilisation des différentes méthodes de lutte permet de diminuer l’utilisation d’insecticides chimiques en production de mangues. En fonction des situations, les insecticides conventionnels utilisés pour lutter contre les mouches des fruits ont été stoppés.

Surcoût et/ou gain de la solution

La combinaison de méthodes est généralement plus onéreuse que l’application d’une spécialité phytosanitaire.

Suivant l’attractif utilisé, certains pièges ne peuvent être réutilisés d’une année sur l’autre, aussi cette méthode fait l’objet d’une MAEC de manière à apporter un appui financier à l’utilisateur.

Impact santé / organisation du travail / pénibilité

Les impacts sur la santé n’ont pas été mesurés, Le temps d’observation et de surveillance de la culture est accru pour une prophylaxie plus efficiente (ramassage des fruits, intervention en traitements par taches dès les premiers signes de présence des ravageurs) et peut demander une réorganisation du travail.

Freins à lever et conditions de réussite

Pour que la solution à base de silicate d’aluminium puisse être déployée sur le long terme, il est nécessaire que le produit à base de silicate d’aluminium obtienne une homologation définitive pour l’usage visé. À ce jour, les demandes de dérogation de 120 jours sont renouvelées chaque année. Les metteurs en marché souhaitent étendre l’usage du produit lors du renouvellement de l’approbation de la substance active. Cependant, la date de renouvellement étant sans cesse repoussée, les professionnels sont contraints de déposer de nouvelles demandes de dérogation de 120 jours chaque année.

Pour une efficacité complète de la méthode, l’ensemble des producteurs d’un bassin doit mettre en œuvre ce dispositif (lutte collective). Cependant, la multitude de méthodes à mettre en place est contraignante pour les producteurs (surveillance, passages fréquents dans les parcelles, ramassage des fruits non consommables…).

Les actions de communication auprès des professionnels sont essentielles pour diffuser la méthode accompagnée d’un message clair.

Par ailleurs, pour que la méthode soit complète, l’homologation définitive des silicates d’aluminium est nécessaire pour ces usages.

Des travaux d’expérimentation se poursuivent pour trouver des méthodes complémentaires et efficaces pour lutter contre les piqûres de mouches des fruits et gérer les populations de ravageurs. Une des thématiques principales abordées par l’Unité Mixte Technologique Biocontrôle en Agriculture Tropicale (UMT BAT 12), à La Réunion, est la lutte contre les mouches des fruits. Les travaux de recherche concernent principalement :

  • le potentiel de développement de la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) pour lutter contre Bactrocera dosalis,
  • la recherche de nouveaux attractifs pour améliorer les stratégies de piégeage des mouches des fruits,
  • l’utilisation de champignons entomopathogènes pour lutter contre les mouches des fruits.

Actuellement, le package de méthodes n’est pas mis en œuvre par tous les producteurs de mangues de l’île. Les exploitations du réseau DEPHY Ferme « Mangues » 10 sont les plus sensibilisées. Pour faire face aux attaques de mouches des fruits, le déploiement de la méthode doit couvrir l’ensemble des surfaces de production de mangues. Par ailleurs, cette combinaison de méthodes devrait être élargie à l’ensemble des productions de fruits et légumes sujettes aux attaques de ces mouches.

 

Indicateurs de déploiement :

  • Quantités de spinosad et silicate d’aluminium (kaolin) vendues (source BNV-D Traçabilité 11).
  • Nombre de CEPP obtenus.
  • Surfaces de manguiers concernées par la mise en œuvre d’au moins l’une des solutions déployées. Cet indicateur étant difficile à quantifier directement, il nécessite la mise en place de suivis réguliers auprès des producteurs et des acteurs de la filière, par exemple via des enquêtes annuelles sur les pratiques agricoles.

Les méthodes présentées sont décrites sur la culture de mangues, cependant, les mouches des fruits et des légumes concernent de nombreuses cultures (cucurbitacées, solanacées, cultures fruitières…).

Les produits commerciaux homologués contenant les solutions sont disponibles sur le site Ephy de l’Anses :

Guide RESCAM – Guide d'accompagnement à la mise en place de dispositifs agroécologiques. Réseau d'Expérimentation de Systèmes de Cultures Agroécologiques Maraichers - Conception et expérimentation d'agro-écosystèmes durables en maraichage de plein champ à La Réunion. Projet ECOPHYTO DEPHY Expé RESCAM 2013-2018 - https://www.armeflhor.fr/guide-technique/guide-rescam/

 

Pour approfondir ce sujet, vous pouvez consulter les sites suivants :

  1. Lutter contre les mouches dans les vergers et la vigne au moyen de pièges listés comme produits de biocontrôle. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/lutter-contre-les-mouches-dans-les-vergers-et-la-vigne-au-moyen-de-pieges-listes.
  2. Utiliser un augmentorium pour la gestion des mouches des fruits. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/utiliser-un-augmentorium-pour-la-gestion-des-mouches-des-fruits.
  3. Lutter contre les insectes piqueurs au moyen d’une poudre minérale de biocontrôle. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/cepp/proteger/lutter-contre-les-insectes-piqueurs-au-moyen-dune-poudre-minerale-de-biocontrole.
  4. La mangue d’outre-mer : un fruit gorgé de soleil. Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt https://agriculture.gouv.fr/la-mangue-doutre-mer-un-fruit-gorge-de-soleil.
  5. La mangue : une culture agroécologique. Ecophytopic https://ecophytopic.fr/pic/concevoir-son-systeme/la-mangue-une-culture-agroecologique.
  6. Tropifruit - Mouches des fruits. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/23384/Tropifruit-Mouches-des-fruits.
  7. Ceratitis capitata. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/23777/Prunier-d-Ente-Mouche-mediterraneenne-des-fruits-Ceratitis-capitata.
  8. Ceratitis quilicii. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/23392/Tropifruit-Mouche-du-Cap-Ceratitis-quilicii.
  9. Bactrocera dorsalis. Ephytia https://ephytia.inra.fr/fr/C/25415/Tropifruit-Mouche-orientale-des-fruits-Bactrocera-dorsalis.
  10. DEPHY Fermes à La Réunion. DAAF de la Réunion | Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de la Réunion https://daaf.reunion.agriculture.gouv.fr/dephy-fermes-a-la-reunion-a1547.html (2018).
  11. BNV-D Traçabilité. https://ventes-produits-phytopharmaceutiques.eaufrance.fr/search?filetype=Ventes.
  12. UMT BAT. Portail d’information sur l’agriculture et la biodiversité dans l’océan Indien http://www.agriculture-biodiversite-oi.org/UMT-BAT2/UMT-BAT (2021).